Le brief éco. Euro - dollar : Trump relance la guerre des monnaies
L'euro a atteint un pic jamais vu depuis un peu plus de trois ans face au dollar, jeudi. Est-ce une bonne chose ? Les explications d'Emmanuel Cugny.
L’euro repart à la hausse. Jeudi 25 janvier, la devise européenne a atteint un pic jamais vu depuis un peu plus de trois ans face au dollar, ce qui remet sur la table la sempiternelle question : bon ou mauvais pour notre économie ?
Dans tous les cas, cela relance le traditionnel débat entre partisans de l’euro fort, signe de puissance, et ceux de l’euro faible, qui y voient une occasion de vendre nos produits moins chers à l’étranger et donc à nos entreprises d’en profiter.
Hier, l’euro a dépassé le niveau de 1,25 face au dollar. Pour rappel, lors de l’introduction de la monnaie unique européenne en 2000, on était à 1,18. Pourquoi l'euro remonte ainsi ? Il n’a échappé à personne que la donne politique et géopolitique est un peu compliquée en ce moment dans le monde : relations Etats-Unis-Corée du Nord ; tensions provoquées par les Etats-Unis au Proche-Orient et au Moyen-Orient ; un président américain Donald Trump qui continue d’intriguer. Face à cela, l’Europe connaît une reprise économique et les investisseurs se tournent plus volontiers vers notre devise. L’euro reflète cette situation.
Une guerre de tranchées monétaires
Hier, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, est intervenu après des propos tenus à Davos par le secrétaire au Trésor américain, le ministre de l’économie et conseiller direct de Donald Trump. Mercredi, Steve Mnuchin s’était pris les pieds dans le tapis en défendant les avantages d’un dollar faible pour favoriser les exportations américaines alors que Trump défend un dollar fort prouvant la supériorité de l’Amérique. Nouveau couac sur un sujet de suprématie américaine : Mnuchin a rétropédalé et Trump l'a renvoyé dans les cordes, ce qui a fait remonter un peu le dollar dans la soirée.
Cette nouvelle confusion au plus haut sommet de l’Etat américain, peu visible du grand public, permet au président de la BCE, Mario Draghi, de se placer en gardien du temple, sans toucher pour l'instant aux taux d’intérêt encore très bas qui soutiennent l'économie européenne. Mais cela lui complique aussi sérieusement la tache sur la suite de sa politique.
Les conséquences d’un euro fort
Pour les entreprises, un euro qui remonte ce sont des produits vendus plus chers à l'étranger, donc une perte de compétitivité à l’international. Pour les particuliers, un euro qui remonte favorise le retour de l’inflation (la hausse des prix), ce qui n'est pas un mal en soi car cela permet aux entreprises d'augmenter leurs marges pour investir et, normalement, créer de l'emploi.
Voilà comment entreprises et particuliers se retrouvent au cœur de cette guerre des monnaies, avec sur le champ de bataille de la compétitivité un face à face Donald Trump-Mario Draghi. Le président de la BCE qui ne peut pas encore crier victoire.
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