Le brief éco. Face à Boeing, Airbus nargue Donald Trump
C’est le résultat d’un match attendu chaque année en janvier : le bilan commercial d’Airbus et Boeing. Il reflète à la fois le dynamisme des deux constructeurs aéronautiques et l’état du marché. Et 2016 a tenu ses promesses;
Depuis plusieurs années, Airbus et Boeing ont chacun leur spécialité. L'année 2016 a bien confirmé cette tendance des constructeurs aéronautiques. L'Européen Airbus est le champion des commandes, face à l'Américain Boeing, leader des livraisons.
Airbus et Boeing au coude à coude
Boeing a livré 748 avions l’année dernière, contre 688 pour Airbus. En revanche, Airbus a enregistré 730 commandes contre à peine 670 pour l’Américain. Tout se joue dans un mouchoir de poche, mais avec plusieurs années de commandes supérieures, Airbus va finir par livrer plus d’appareils.
Le patron du groupe, Fabrice Brégier, prévoit le croisement des courbes dans deux ans, en 2019. Et ce notamment grâce à l’A320 et l’A320neo, l'avion "écolo" d'Airbus. Plus léger, moins consommateur de carburant, cet appareil se vend bien.
Les deux entreprises se sont réorganisées
Les transports internationaux sont un indicateur conjoncturel important. Les voyages de plus en plus nombreux, sont le témoin d’un certain dynamisme de l’activité générale.
Les deux entreprises multiplient aussi les mesures de réorganisation pour s’adapter aux contraintes du marché et gagner en compétitivité. Entre départs et embauches, on renouvelle les équipes : 1 100 suppressions de postes prévues en Europe pour Airbus cette année après 1 400 recrutements l'année dernière. L'an dernier, Boeing a réduit ses effectifs de plus de 6 000 personnes
Donald Trump entre dans le match
La situation est plutôt cocasse. C'est finalement, Airbus l'Européen qui va dans le sens de ce que défend Trump : fabriquer sur le sol américain avec de l’emploi local. Airbus a construit une usine dans l’Alabama pour aller concurrencer directement Boeing sur ses terres. C'est le signe d'une pression commerciale intense. Avec 600 millions de dollars d'investissement, le constructeur européen a livré son premier avion de ligne "made in USA" l’année dernière.
On voit mal Trump exercer des pressions sur Airbus. Cela serait plutôt à l’Europe d'agir pour que le groupe basé à Toulouse rapatrie l’emploi, mais cela n’aurait aucun sens. En effet, l’activité générée par Airbus en Amérique consolide le travail de milliers de salariés de ce côté-ci de l’Atlantique.
Une subtilité de la mondialisation qui semble avoir échappé à celui qui doit prendre possession de la Maison Blanche la semaine prochaine.
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