Le brief éco. Le premier satellite électrique européen bloqué par la grève en Guyane
Le dernier né des satellites fabriqué par Airbus Defence and Space est cloué au sol par la grève qui paralyse la Guyane. Un satellite à propulsion électrique.
Des avancées ont eu lieu jeudi 30 mars dans les discussions avec le gouvernement, mais la Guyane est toujours bloquée par la grève. Le territoire ultra-marin est miné par le chômage et l'insécurité, malgré de nombreux atouts économiques, dont le centre spatial de Kourou qui cristallise une partie de la grogne.
C'est à Kourou que le général De Gaulle a décidé d’installer en 1964 le centre spatial français pour remplacer le site existant en Algérie. Aujourd’hui, la base de Kourou est exploitée par le Cnes (Centre national d’études spatiales), compte 1 700 emplois directs et 7 500 postes indirects, ce qui représente 16% de la population active locale.
Le centre spatial qui est devenu un des symboles des manifestations. On a pu voir notamment cette pancarte portée par un enfant : "La Guyane, c’est pas que la fusée, ce sont des hommes" ou encore : "La fusée ne décollera pas, c’est à la Guyane de décoller". Ce que le département compte parmi le plus précieux pour son développement économique est touché de plein fouet à un moment clef de son histoire.
Le premier satellite électrique européen
Le centre spatial s’apprête à lancer un satellite à propulsion électrique. Le premier européen du genre pour faire face à la concurrence internationale très vive, notamment des Etats-Unis, avec le milliardaire Elon Musk et sa fusée recyclable qui a encore fait parler dans la nuit de jeudi à vendredi. Les Etats-Unis proposent désormais des lancements pratiquement deux fois moins chers que les prix européens.
Le Cnes et Arianespace sont en train de réussir leur pari et ce satellite dernière génération en est la tête de pont. Eutelsat 172B est propulsé, mis en orbite et manœuvré dans l'espace uniquement par un moteur électrique alimenté par des panneaux solaires.
Progrès écologique, gain de carburant et de poids, on passe d’engins de six à trois tonnes avec les coûts de lancement optimisés. Chaque kilogramme en moins sur de telles structures représente une économie de 20 000 euros. 20 000 euros le kilo, c’est loin d’être négligeable pour un client.
Un lancement compromis
La date du 25 avril avait été retenue mais les événements en Guyane risquent fort de reporter l’échéance car le satellite est actuellement conservé dans un container climatisé à l’aéroport de Matoury et ne peut être exploité, ni préparé. Le Cnes affirme y engouffrer 500 000 euros par jour. Ces chiffres sont très éloignés des préoccupations quotidiennes d’une population chauffée à blanc par le chômage et l'insécurité.
L’Etat se voit contraint de rattraper le temps perdu pour réinvestir, reconstruire, expliquer et convaincre que, grâce à sa population et aux nouvelles technologies, la Guyane demeure une pépite dont elle doit tirer profit pour elle-même, bien plus loin que les simples excuses gouvernementales.
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