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Le brief éco. L’Oréal, quel avenir après la disparition de Liliane Bettencourt ?

Retour sur la grande aventure industrielle de L'Oréal, au lendemain de la disparition de Liliane Bettencourt.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Batiment "L'Oréal" à Paris avec le logo sur la rembarde d'une fenêtre? (YOAN VALAT / EPA)

Décédée jeudi 21 septembre à l’âge de 94 ans, la riche héritière de L’Oréal, Liliane Bettencourt, laisse derrière elle un empire industriel centenaire, d'abord très français et devenu mondial. L’entreprise a été créée à la fin du XIXe (1881) dans l’arrière-boutique de la boulangerie familiale, rue du Cherche-Midi à Paris, par Eugène Schuller, père de Liliane, et qui, pour vivre, vendait des tissus sur les marchés. A force de volonté, Eugène Schuller intègre l’Institut de chimie, sort major de sa promotion à La Sorbonne et se sent attiré par l’industrie. Il met au point une teinture de synthèse qu’il baptise tout simplement L’Auréale. C’est le début de la grande aventure.

Aujourd'hui, L’Oréal c’est un portefeuille de marques à forte valeur référentielle : Garnier, Kerastase, Biotherm, Vichy, les laques Elnett, mais aussi Lancôme, Yves Saint Laurent Beauté, Ralph Lauren, Cacharel, etc. 34 marques au total, vendues dans les grands magasins, en grandes surfaces, chez pratiquement tous les coiffeurs de l'hexagone. Ce qui, contrairement aux apparences, ne fait pas de L'Oréal un groupe de luxe comme LVMH, par exemple  

Une entreprise familiale

le groupe L'Oréal compte près de 90 000 salariés dont 20% en France. Son chiffre d’affaires est de 26 milliards d’euros, et le groupe compte plus d’un milliard de clients dans le monde et une valorisation proche de 100 milliards d'euros à la bourse de Paris. C'est une entreprise familiale, restée très française, que Liliane Bettencourt n’a jamais gérée en direct, préférant faire confiance aux "Loréaliens", entrés par la petite porte. Il y aura François Dalle, Lindsey Owen-Jones, puis Jean-Paul Agon, toujours à la tête du groupe.

Le succès des marques de L'Oréal repose sur une certaine liberté de création. Exemple : le gel Studio Line. Un jour, de passage à Berlin, un ingénieur du groupe constate que les punks allemands font tenir leurs crêtes avec de l’eau sucrée. De retour à Paris, cet ingénieur propose un produit pour remplacer l’eau sucrée. Le patron de l’époque, Lindsey Owen-Jones, n’y croit pas mais laisse sa chance à l’ingénieur. Le gel Studio Line est aujourd’hui un succès mondial. Laisser la place à l’innovation, au risque, a toujours été l’une des forces de l’entreprise.  

La position de Nestlé déterminante pour l'avenir

Un pacte d’actionnaire lie L’Oréal au groupe suisse de l’agroalimentaire Nestlé. Nestlé détient aujourd'hui 23% du capital de L’Oréal, un paquet de 21 milliards d'euros d’actions qu’un fonds d’investissement pousse Nestlé à vendre. Quelle sera la décision de la fille de Liliane Bettencourt, Françoise Bettencourt-Meyer, aujourd’hui à la tête du holding familial ?  Retiendra-t-elle Nestlé ou prendra-t-elle une autre voie ? Il est prévu que le pacte d’actionnaires devienne caduque six mois après le décès de Liliane Bettencourt. Le compte à rebours vient de se déclencher.  

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