Le yoyo des Bourses mondiales est-il rationnel ?

La Bourse de Tokyo a repris des couleurs mardi 6 août en gagnant 10%. La veille, l’indice Nikkei avait enregistré sa plus grosse perte depuis le krach financier de 1987 en chutant de près de 13%. Dans la foulée, les marchés financiers ont connu un passage à vide partout dans le monde. Est-ce que tout cela est rationnel ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
La Bourse de Tokyo a repris des couleurs mardi 6 août en gagnant 10%, après la plus grosse perte du Nikkey, la veille, depuis 1987 (KAZUHIRO NOGI / AFP)

Tokyo est en train de nous montrer les grandes joies de la spéculation boursière. Un jour le marché est très haut, les investisseurs reprennent leurs bénéfices, ce qui fait baisser la Bourse. Le lendemain, ces mêmes investisseurs replacent leur argent en achetant des actions moins chères et le marché remonte. Une belle culbute financière. C'est pour cela qu'il faut garder la tête froide et ne pas jouer la surenchère. D'ailleurs, après la déroute de Tokyo lundi 5 août au matin, les marchés européens n'ont pas surréagi, à l'image de la Bourse de Paris qui a terminé la journée sur une baisse limitée à 1,4%.

Inquiétudes sur l'évolution de l’économie mondiale

La spéculation n'enlève rien aux indicateurs fondamentaux. La nervosité est particulièrement palpable depuis vendredi avec l’annonce du nombre de créations d’emplois en juillet aux Etats-Unis. L’économie américaine a créé 114 000 emplois, environ 30% de moins qu’attendu. Le taux de chômage a augmenté pour atteindre 4,3%, le plus haut depuis 2021. La différence est telle qu’elle interroge sur le bon pilotage de l’économie américaine, facteur clef à moins de six mois de l’élection présidentielle aux Etats-Unis.

Autres interrogations

Les opérateurs boursiers s’inquiètent aussi de l'évolution de la situation au Proche-Orient, de la dégringolade des valeurs technologiques (Microsoft, Amazon…) qui font peur aux investisseurs en engloutissant de très lourds investissements dans l’Intelligence Artificielle pour des résultats jugés peu convaincants. Enfin, il y a aussi la crainte que la Banque centrale américaine ait tardé à baisser ses taux d’intérêt pour soutenir une économie faiblarde.

Faut-il craindre une contagion à l’ensemble des places financières internationales ?

La vraie question est de savoir si l’économie européenne va suivre le même chemin que celle des Etats-Unis. On voit que l’Allemagne, moteur économique de la zone euro, rencontre de sérieuses difficultés. Les monnaies sont à surveiller de très près. Les incertitudes sur l’économie américaine font perdre au dollar son titre de valeur refuge et les investisseurs se reportent sur les autres devises dont l’euro. Or, un euro qui remonte rend plus chères nos exportations et pénalise notre économie. Un effet collatéral certainement plus sérieux que les caprices de la Bourse de Tokyo.

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