Malgré l'aide publique, ArcelorMittal suspend son projet à deux milliards d'euros pour décarboner son acier à Dunkerque
L’annonce avait été faite en 2023, à grand renfort de communication : 50 contrats de transition écologique avaient été passés entre l’État et les 50 sites industriels français les plus émetteurs de CO2. Mais le métallurgiste ArcelorMittal va retarder un projet prévu de décarbonation à Dunkerque. Aucune annonce officielle d’abandon encore à ce stade, l’information vient du ministre délégué en charge de l’industrie, Marc Ferracci, suite à une révélation du magazine L’Usine Nouvelle, samedi 23 novembre.
Le projet consistait à construire deux fours électriques, ainsi qu'une unité de réduction directe de fer, une première étape dans la production d’acier décarboné. Alors que le site dunkerquois d’Arcelor est présenté comme responsable d’environ 3% des émissions de CO2 en France, le but ultime est de transformer le minerai de fer avec de l’hydrogène. Ces fours utiliseront de l’hydrogène bas carbone comme combustible, à la place du charbon. Mais ce qui est beau sur le papier reste cher en application concrète et l'entreprise estime que ce n'est pas viable dans le contexte international actuel.
L'objet d'une réunion à Bruxelles
Le projet d’ArcelorMittal pour adapter son site de Dunkerque est chiffré à 1,8 milliard d’euros, comprenant une aide de l’État allant jusqu’à 850 millions d'euros. Même avec l’aide publique, le projet n’est pas rentable. Pire, ArcelorMittal est perdant sur le plan commercial et l’appliquer dans les conditions actuelles du marché condamnerait, à terme, ce qui est présenté aujourd’hui par la CGT comme le plus grand haut-fourneau d’Europe, avec plus de 3 000 CDI directs, jusqu’à 9 000 avec les emplois indirects. Le tout fait vivre une famille sur cinq dans le Dunkerquois.
Pour l’instant, il n’y a aucune solution de court terme. Le groupe est victime de la crise sidérurgique qui frappe l’Europe. L'énergie est chère, liée à une demande d’acier au plus bas historique, avec des prix en chute libre et de lourdes contraintes environnementales. La tension est trop forte. La situation a d’ailleurs amené le groupe à annoncer, la semaine dernière, qu’il envisageait la fermeture de deux usines en France, à Reims et Denain.
La concurrence internationale joue à plein. Les contraintes imposées par l’Europe à son industrie jouent contre elle, face à une production chinoise bien moins vertueuse. Le sujet est inscrit à l’ordre du jour d’une réunion ministérielle à Bruxelles jeudi 28 novembre.
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