Taxe sur le sucre : la ministre de la Santé fait un pas en arrière

Initialement très ferme sur le sujet dans le cadre du débat sur le budget 2025 de la Sécurité sociale, Geneviève Darrieussecq a mis de l’eau dans son vin.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Geneviève Darrieussecq, la ministre de la Santé, le 29 octobre 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)

En plus de la chasse aux dépenses publiques, l’heure est au concours d’idées pour faire rentrer, coûte que coûte, des sous dans les caisses de l’État. Le week-end dernier, dans La Tribune Dimanche, la ministre de la Santé défendait une taxation des sucres transformés dans tout ce qui est fabrication de nourriture, ici, en l’occurrence, pour combler le trou de la Sécu. 

Mais mardi, Geneviève Darrieussecq a fait un pas en arrière à l'Assemblée nationale, se contentant d’évoquer des mesures uniquement sur les sodas, s’en remettant, pour le reste, à la sagesse de l’industrie agroalimentaire : "Plutôt que de vouloir systématiquement taxer, [les] convaincre".

Pourquoi ce coup de frein en 48 heures

La boîte à idées fiscales est pleine mais ne convainc pas, ni les professionnels concernés, ni certains membres du gouvernement. Si le ministère du Budget voit d’un œil favorable les amendements soutenus par certains députés – et la ministre de la Santé donc – en faveur de taxes sur les sucres transformés dans l’alimentation, la ministre en charge de l’Agriculture, elle, ne l'entend pas de cette oreille. Pour Annie Genevard, cette taxe reviendrait à mettre "des boulets aux pieds" des industriels français. Exit donc un impôt sur les sucres transformés dans les aliments au profit d’un éventuel dispositif plus contraignants avec les sodas.

Peut-on parler d’une victoire des industriels de l’agroalimentaire ? Pour l'instant, rien n’est tranché. L’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 se poursuit à l’Assemblée nationale. Le texte est toujours débattu au Parlement et personne n’a encore gagné, dans un camp comme dans l’autre. Mais, c'est vrai, les pressions sont très fortes.

Prenons le cas précis des chocolatiers. À l’exception du chocolat noir amer composé à 80 voire 90% de cacao pur, les produits chocolatés contiennent au moins 30% de sucre. Les confiseurs refusent donc d’être taxés comme les fabricants de plats préparés – lasagnes ou pizzas – qui utilisent le sucre comme exhausteur de goût. Un vrai casse-tête pour le gouvernement qui est bien obligé de tenir compte de tous ces aspects. Avant de trancher définitivement, la ministre de la Santé promet de réunir tous les industriels pour une séance de pédagogie et d’explication pendant laquelle chacun devra mettre cartes sur table.

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