49-3 : même au sein de la Nupes, les motions de censure commencent à lasser
Vendredi, l’opposition tentera à nouveau de faire tomber le gouvernement avec une sixième motion de censure. Une stratégie qui commence à lasser au sein de la Nupes. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot
Tous les humoristes vous le diront, le comique de répétition est à utiliser avec précaution. Sachez qu’en politique, c’est pareil... Lundi soir, faute de majorité, la Première Ministre a invoqué l’article 49.3 de la Constitution pour arrêter nettes les discussions du budget de la Sécurité sociale. Même cause, mêmes effets : l’opposition a dégainé une sixième motion de censure, la cinquième rien que pour la Nupes. "On ne peut pas laisser passer des 49-3 sans réagir, on n’est pas des paillassons", se justifie un député de gauche. Une stratégie qui perd petit à petit de l’efficacité car elle ne convainc plus l’ensemble de la gauche. Mardi, les socialistes ont annoncé qu’ils ne voteraient pas cette nouvelle motion : "C’est comme un jour sans fin", s’est désolé un porte-parole du PS.
"On ne vote plus les motions car plus personne ne les entend"
Sauf qu'avec une trentaine de voix socialistes en moins, c'est le signe d'une érosion qu’on observe, au fil des tentatives. Le 24 octobre, la première motion de censure de la NUPES a récolté 239 voix. Le 4 novembre, la dernière en date n’en a obtenu que 188. La différence : l’abstention des socialistes, mais aussi cinq défections chez les écologistes, dix chez les communistes et même quatre chez LFI. La méthode divise. Un important cadre socialiste décrypte : "On ne vote plus les motions car plus personne ne les entend". "Ca ne fait que conforter la majorité", renchérit un député communiste. Plutôt que des motions à répétition, beaucoup à gauche préfèrent l’idée de marquer le coup pour la dernière lecture des budgets et de ne pas sortir une motion à chaque fois.
Car, on le sait, des 49.3, il y en aura encore un certain nombre. Il faut rappeler qu’à partir du moment où un article 49.3 est utilisé pour le budget, il peut être remis sur la table pour chaque lecture, chaque volet, recette comme dépense. Ca en fait donc une dizaine en tout. Il en reste donc encore trois pour le budget de l’Etat et deux pour celui de la Sécurité sociale.
Pour l’opposition, dégainer une motion à chaque fois devient un piège. LFI ne parvient plus à faire de ces votes une tribune politique. Un socialiste s’alarme : "On devient les emmerdeurs". Une situation dont la macronie se délecte : "C’est comme l’homme qui crie au loup. A la fin, plus personne n’y croit", s’amuse un conseiller. Le gouvernement voulait banaliser le 49.3, la Nupes a aussi banalisé les motions de censure. Un jeu parlementaire qui éloigne les Français du fond des réformes. Qui sait ce que contient le Budget ? Probablement pas grand monde…
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