Appel à la destitution d'Emmanuel Macron : l'Assemblée nationale va-t-elle faire "payer ses hésitations" au président de la République ?

Qu'importe l'arrivée de Michel Barnier à Matignon, LFI continue d'appeler à la destitution d'Emmanuel Macron. La procédure est lancée, et risque d'être plus préoccupante que prévu pour le chef de l'État.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Michel Barnier et Emmanuel Macron, en février 2019. (MICHEL EULER / POOL)

La menace de LFI d'appeler à la destitution d'Emmanuel Macron s'est transformée en mot d'ordre pour les insoumis. Leur texte est déposé - c'est le début de la procédure pour tenter de destituer le président, avec 81 signatures dans les rangs de la gauche. Pour examiner ce texte, il faut maintenant le feu vert du bureau de l'Assemblée nationale, qui se réunit mercredi 11 septembre et où la gauche a désormais la majorité.

D'après les spécialistes de la Constitution, cette procédure n'a aucune chance d'aboutir. Pour qu'Emmanuel Macron soit destitué, à la fin, il faut le vote des deux tiers des députés, puis des deux tiers des sénateurs. C'est mission quasi impossible, même si les insoumis y croient. Mais c'est un autre aspect qui inquiète en haut lieu.

Des débats pendant des semaines...

Ce qu'ils craignent est le feuilleton que cet événement pourrait créer. Si le bureau donne son accord mercredi, ce serait le premier épisode, en supposant que les socialistes, plutôt opposés à cette procédure, acceptent de l'examiner. Il y aurait alors un premier débat en commission des lois, dès la fin du mois de septembre si la rentrée parlementaire commence plus tôt que prévu. Dans la foulée, un autre débat prendrait place dans l'hémicycle, encore plus médiatisé. Et si c'est voté, le texte irait au Sénat dans les 15 jours. Ainsi, pendant des semaines, on en entendrait parler sur les plateaux télévision et à la radio... "L'hémicycle fera payer à Macron ses hésitations", craint un député du camp présidentiel de premier plan.

Et la petite musique de la destitution en installe une autre, celle de la démission du président. Certains la font déjà monter dans son camp, à commencer par Édouard Philippe, son allié Horizons. Il se projette déjà sur une présidentielle anticipée, d'autant plus si le gouvernement de Michel Barnier est renversé, avec derrière une ou plusieurs autres censures. On entrerait dans une crise de régime. La pression est donc maximale sur les épaules d'Emmanuel Macron, et les oppositions veulent en jouer.

L'incertitude autour du RN

Le RN et LFI parlent de démission depuis des mois, mais Marine Le Pen ne dit pas si elle votera ou non la destitution. "C'est le seul dénouement", insiste auprès de franceinfo l'un des lieutenants de Jean-Luc Mélenchon, le député Paul Vannier. Selon lui, "le dégagisme va se cristalliser autour du président pour le contraindre à démissionner", et il cite Montesquieu "seul le pouvoir arrête le pouvoir".

Le premier test aura lieu samedi 7 septembre, avec l'appel à manifester de LFI, qui estime que l'élection "a été volée aux Français".

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