Budget 2025 : frustration et déprime à gauche après le rejet du texte à l'Assemblée nationale
Imaginez travailler sur des centaines d'amendements, de neuf heures du matin à minuit tous les jours pendant plusieurs semaines... Être enfermé "dans un bocal" déplore une écologiste de poids, "sans voir la lumière naturelle, de l'extérieur", avec souvent des cris pendant des heures dans l'hémicycle, à défendre des propositions une par une pour qu'à la fin, tout finisse à la poubelle. À gauche, depuis le rejet du volet recettes du budget 2025, mardi 12 novembre, et son départ pour le Sénat, certains le vivent très mal, malgré les messages de victoire sur les amendements votés que beaucoup ont diffusé sur les réseaux sociaux. Ces mêmes amendements ont depuis été balayés, supprimés du texte qui a repris sa version initiale.
Des députés "usés, à bout"
Ces députés savent que leur travail est de siéger, qu'ils occupent un poste privilégié contrairement à ceux qui triment au quotidien dans des métiers difficiles, reste qu'ils sont "usés, à bout" après ce premier tour de débats, ce qui a créé des tensions entre collaborateurs, d'après un socialiste, les heures de nuit, l'impossibilité d'avoir une vie de famille, de revenir en circonscription... Comme pendant la réforme des retraites, avec cette fois une pression supplémentaire : leur présence dans l'hémicycle.
Il en a beaucoup été question, plus qu'en temps normal, comme si les électeurs, qui se sont surmobilisés lors des dernières législatives post-dissolution, avaient peur d'être trahis. Un socialiste raconte à franceinfo qu'un matin, retenu en commission, il n'a pas pu aller voter, appuyer sur le bouton, dans l'hémicycle, lors d'un vote pour le rétablissement de l'impôt sur la fortune. Plusieurs mails lui sont envoyés dans la foulée par des habitants de sa circonscription, très remontés par son absence. Ce qui a rajouté pas mal de pression.
Le plus dur pour les forces du Nouveau Front populaire - arrivées en tête des législatives - c'est le fait d'avoir vu le budget, largement modifié par leurs soins, être rejeté lors du vote par les alliés de Michel Barnier et donc repartir dans sa version initiale au Sénat. Comme si on avait appuyé sur le bouton reset. "On se bat, on gagne, on vote, mais derrière, le gouvernement écrabouille tout", s'énerve un député.
Les députés de gauche dénoncent un coup de force de la part du Premier ministre. Selon eux, il a laissé pourrir les débats pour permettre aux sénateurs, de sa famille politique, de récupérer sa copie. Certains en reviennent même à être nostalgique du 49.3 - outil qui permet au gouvernement de faire passer un texte sans vote. "Élisabeth Borne elle, au moins, assumait, alors que Michel Barnier et les siens n'ont pas la décence d'en faire de même", déplore une écologiste. Le chef du gouvernement finira par l'utiliser à la fin, il l'a annoncé dans Ouest-France. Et un socialiste rappelle une évidence : "C'est épuisant de sans cesse faire et défaire (...) mais nous sommes dans l'opposition".
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