Coût financier, environnemental et politique... Le trajet en Falcon de François Bayrou à Pau soulève plusieurs interrogations
Le déplacement, lundi 16 décembre, de François Bayrou à Pau, pour assister au conseil municipal de la ville dont il est maire, nourrit la controverse. Plusieurs factures sont à prendre en compte. La première est climatique. Le trajet en Falcon de François Bayrou a consommé plus d'une tonne et demie de carburant pour ce seul aller-retour, soit deux heures de vol. La deuxième est financière. Il faut compter autour des 18 000 euros pour un trajet de ce type avec l'un des sept Falcon à disposition du président de la République et du Premier ministre, d'après des sources ministérielles à franceinfo, qui ont eu à faire à ces dépenses en cabinet. Sur les moyens de l'État, au moment où l'on cherche à faire des économies. La troisième, enfin, est politique. En pleine crise à Mayotte, le choix de se rendre dans son fief est critiqué de toute part, même chez ses alliés, ce qui fragilise François Bayrou dès son arrivée à Matignon, et alimente le procès en déconnexion fait aux politiques.
"On n'a pas le droit de séparer la province" de "Paris"
François Bayrou, qui n'est pas le premier à être épinglé pour ce type de déplacement, se défend. "Je suis de ceux qui pensent que l'on n'a pas le droit de séparer la province du cercle du pouvoir à Paris", a insisté le Palois lors de la séance des questions au chef du gouvernement, mardi 17 décembre à l'Assemblée nationale. Signe pour un conseiller qu'il continuera "par orgueil" d'utiliser le Falcon pour rentrer dans sa ville. Il ironise : "C'est sa façon de réaliser qu'il est Premier ministre".
Reste que Pau est effectivement à 800 kilomètres de Paris et est mal desservi. Il y a certes le train, mais à raison de quelques trajets par jour, et cinq heures de voyage en moyenne. "Quand on est Premier ministre, on l'est 24h sur 24", insiste une source parlementaire auprès de franceinfo, même dans ses déplacements plus personnels. Il faut tout sécuriser, privatiser un wagon, parfois même utiliser une autre voie ferrée, ce qui est jouable, mais en s'organisant bien en amont avec la SNCF. Une tâche encore plus compliquée quand il faut prendre un avion de ligne. Sans compter le monde qui l'accompagne : sa sécurité, son équipe, un médecin au cas où, et un transmetteur qui permet au Premier ministre - comme au président - d'être contacté par moyens cryptés partout tout le temps. D'après un ancien de Matignon, "ça peut paraître dingue, mais le Falcon est pour nous un taxi comme un autre".
Concernant la procédure, l'Élysée était au courant - du moins normalement, puisque deux services communiquent entre eux : le cabinet militaire de Matignon avec celui de l'Élysée, la flotte étant gérée par l'Armée. Quand l'un a besoin d'un appareil, il avertit l'autre, vérifie que le président de la République n'en a pas besoin, puisqu'il a la priorité. L'entourage d'Emmanuel Macron tient à bien préciser que ce n'est pas l'Élysée qui valide les déplacements du chef du gouvernement et de ses ministres.
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