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Elections sénatoriales : un soupçon de clientélisme à Paris

Vendredi 9 juin se joue une étape des élections sénatoriales de septembre prochain. Les grands électeurs vont être désignés. Un système électoral complexe, dénoncé notamment à Paris.
Article rédigé par franceinfo, Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'hémicycle du Sénat, au palais du Luxembourg à Paris (JEAN-FRANÇOIS FERNANDEZ / FRANCE BLEU BESANÇON / RADIO FRANCE)

Rappelons quelques fondamentaux : il y a 348 sénateurs, élus pour six ans. Le Sénat est renouvelé par moitié tous les trois ans au suffrage universel indirect. "Indirect", cela signifie que les sénateurs sont élus par de grands électeurs, ils sont 160 000 dans toute la France.  

Parmi ces grands électeurs, il y a des conseillers régionaux et départementaux, des sénateurs, des députés, des élus municipaux... ainsi que des délégués municipaux, qui seront donc désignés aujourd’hui. Sauf pour Paris où le système est encore un peu différent.

Dans la capitale, en plus des conseillers régionaux, départementaux et autres députés, il y a 163 conseillers de Paris. Et chaque conseiller de Paris peut lui-même choisir 17 délégués ou grands électeurs qu'il place sur des listes. 163 x 17 : cela fait donc un peu moins de 2 800 personnes choisies par les élus parisiens pour soutenir leurs candidats au Sénat. 

Les grands électeurs à Paris, "un scrutin malsain"

Parmi ces 2 800 grands électeurs, qui ne sont pas politiques, on trouve de tout. C’est à la discrétion des élus et cette méthode est décriée pour son soupçon de copinage. Comme l'explique un maire d’arrondissement parisien : "On prend des potes, des membres d’associations qu’on connaît, des gens en qui on a confiance…" Pour s’assurer que leurs grands électeurs appliquent leurs consignes de vote, certains élus parisiens puisent dans leur réseau personnel, dans leurs familles, ou se tournent vers quelqu’un dont ils ont pris l’ado en stage de 3e

In fine, ces grands électeurs n’ont ainsi aucun lien avec la vie politique et pas vraiment de légitimité pour apprécier le travail des candidats au Sénat. Ils votent donc souvent ce qu’on leur demande de voter. "C'est un scrutin malsain et clientéliste", déplore un conseiller de Paris.

Cette façon de nommer les grands électeurs semble assez loin des aspirations démocratiques du moment. Le principe des grands électeurs n’est pas forcément à remettre en question. Le Sénat, c’est l’assemblée des territoires. Les sénateurs sont en lien avec les maires. Ils font remonter des problématiques de terrain, qu’ils soient élus par d’autres élus n’est pas un sujet.  

Pourquoi pas un tirage au sort des grands électeurs ? 

En revanche, que des grands électeurs soient de simples citoyens choisis par les élus locaux, cela interroge. Peut-être faut-il réfléchir à d’autres formules ? Au-delà des élus, qui seraient toujours grands électeurs, un tirage au sort du reste du collège électoral permettrait par exemple d’éviter les calculs d’apothicaire et les soupçons de clientélisme. 

Les élections sénatoriales ont lieu le 24 septembre prochain. À cette occasion, la moitié du Sénat sera renouvelée. 

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