Inauguration de la Cité internationale de la langue française : un outil culturel mais aussi éminemment politique
Un "antidote au sentiment d'abandon", c'est une des manières dont l'Élysée qualifie cette Cité internationale de la langue française inaugurée lundi 30 octobre à Villers-Cotterêts dans l'Aisne, une ville de 10 000 habitants touchée par le chômage et la désindustrialisation.
Lorsqu'il a découvert le château de François 1er en 2017, le candidat Emmanuel Macron a flairé l'opportunité politique de lancer un grand projet culturel à dimension internationale dans un territoire rural. Un territoire qui met désormais Marine Le Pen et ses lieutenants en tête de toutes les élections. D'ailleurs le maire RN de la commune en est convaincu : "Si le président s'est intéressé à Villers-Cotterêts c'est parce qu'on dirigeait la ville", assure-t-il.
L'Élysée confirme que c'est une des données prises en compte, mais que ce sont surtout l'état de délabrement du château et les difficultés économiques du territoire qui ont poussé le président à injecter 200 millions d'euros dans le projet. À la clé, des centaines d'emplois sur le chantier qui se transforme en une cinquantaine de postes pérennes, et puis les perspectives de développement pour les commerces avec les milliers de touristes attendus. Le lieu se veut ouvert sur la ville, il accueillera notamment une librairie et "un service d'écrivains publics pour aider à accomplir des formalités" car pour l'exécutif, ça doit aussi être un "outil de lutte contre l'illettrisme".
"Le redressement du territoire ne passe pas par le repli sur soi"
Ce dernier argument n'est pas celui qui a le plus de succès localement puisque certains habitants y voient du "mépris". D'ailleurs certains surnomment ironiquement le projet "château Macron". Plus largement l'Élysée considère la langue française comme "un outil de lutte contre la décivilisation". "La langue française est le premier bien de la nation, elle fonde notre imaginaire", d'après le Président qui va sans doute insister là-dessus dans son discours d'inauguration.
Le français vu comme "un facteur de cohésion sociale, d’unité nationale et de rayonnement au-delà de nos frontières". Dans ce lieu culturel, il sera question de l'évolution de la langue française, des langues régionales, de la manière dont le français s'est étendu à travers le monde. "Une démarche d’universalisme résolu qui n'est pas forcément celle du parti installé à la mairie de Villers-Cotterêts", souligne l'Élysée. L'entourage du président espère montrer que "le redressement du territoire ne passe pas par le repli sur soi".
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