Cet article date de plus d'un an.

Info franceinfo
Marine Le Pen va écrire aux patrons pour tenter de les convaincre de soutenir le Rassemblement national

Pour se rapprocher du pouvoir, le Rassemblement national espère obtenir le soutien du monde économique. Le RN prépare donc une offensive sur le milieu des patrons. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot.
Article rédigé par franceinfo, Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée, devant le logo du parti lors de son 18e congrès à Paris, le 5 novembre 2022. (ALAIN JOCARD / AFP)

"Notre programme économique est trop caricaturé", répète souvent Marine Le Pen. Comme agacée, l’ancienne candidate RN à la présidentielle estime que son programme correspond aux attentes des milieux économiques, sans pourtant en obtenir la reconnaissance. Selon nos informations, pour tenter d’inverser la tendance, le Rassemblement national va prochainement diffuser un document à destination des patrons, "pour récapituler et fixer notre programme pour les entreprises", explique Marine Le Pen. Elle espère ainsi ramener au RN les patrons, petits et grands. 

>> Le vrai du faux. La part de l’industrie manufacturière est-elle passée de 14% à 9 % du PIB en quelques années, comme l’affirme Marine Le Pen ?

Concrètement, ce programme propose une hausse de salaire de 10%, des baisses de TVA, une retraite à 60 ans, un impôt sur la fortune financière, une renationalisation des autoroutes... Voilà les grandes lignes de 2022. Un programme souvent jugé peu crédible, régulièrement fustigé par les organisations patronales, Medef en tête. En privé, Geoffroy Roux de Bézieux affirme que Marine Le Pen n’a "aucune compétence économique" : "Elle fait l’impasse sur le sujet", tacle le patron des patrons.

Mais il faut regarder dans le détail et voir ce que ce regard patronal, assez classique, évolue petit à petit, par opportunisme autant que par stratégie. En juin 2022, à la demande de Marine Le Pen, le mouvement Ethic organisait un déjeuner entre dix chefs d’entreprises et dix députés RN. "Ils font des progrès", raconte depuis, dans tout Paris, Sophie de Menthon, la patronne d’Ethic. 

Soutenir le RN ? Un tabou chez les patrons

Si, il y a quelques années, les grands patrons se refusaient à rencontrer l’état-major du FN. Aujourd’hui, il y a des contacts et des rencontres. En janvier, la photo de Michel-Edouard Leclerc posant aux côtés de Sébastien Chenu avait secoué le petit monde du business. Sauf que tous les patrons de la distribution sont passés dans le bureau du député RN, sans photo. "Avant 2022, personne ne nous rencontrait. Quelque chose a changé", fanfaronne Sébastien Chenu. 

Même son de cloche du côté de Jordan Bardella qui affirme dîner en tête-à-tête avec des patrons : "L'hypothèse de notre arrivée au pouvoir a fait sauter des verrous", dit le président du RN, même s’il précise que tout se fait discrètement. Une discrétion observée jusque que dans les puissants cabinets de lobbying parisiens où certains clients demandent désormais à prendre contact avec le RN.  

Pour arriver au pouvoir, le RN a-t-il besoin du soutien des patrons ? Du Medef, pas forcément. Mais des acteurs économiques, les petits patrons, artisans, indépendants pèsent lourd dans l’électorat. Ça peut faire la différence. C’est évidemment le rêve du RN, avec, en tête, l’exemple italien de Giorgia Meloni, dont l’accord électoral avec Berlusconi lui avait assuré le soutien du monde économique italien.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.