Le vrai du faux. La part de l’industrie manufacturière est-elle passée de 14% à 9 % du PIB en quelques années, comme l’affirme Marine Le Pen ?
Marine Le Pen a dénoncé jeudi 15 juin sur franceinfo la "situation dramatique" de l'industrie manufacturière en France : "c'est 9% du PIB en France, c'est 19% en Allemagne. Nous sommes passés en quelques années de 14 à 9%". Effectivement, on retrouve ces données sur le site de la Banque mondiale, qui s’intéresse à la part de la "fabrication" (des objets ou produits fabriqués) dans le PIB de chaque pays. En revanche, là où Marine Le Pen est imprécise sur la temporalité. Elle affirme que la France est passée de 14% à 9% en "quelques années", alors que cette chute intervient sur deux décennies, depuis l'an 2000.
Si on regarde l'industrie au global, c'est-à-dire les objets que l'on fabrique, mais aussi la production d'énergie, la gestion de l'eau et des déchets et la dépollution, le secteur pèse 17% en France contre 27% en Allemagne.
À noter que nos voisins sont très bons élèves en Europe en la matière, notamment grâce à leur secteur automobile. Sur une quarantaine de pays européens, seuls le Monténégro, le Luxembourg, la Grèce et Chypre font moins bien que nous quand on regarde la part de l'industrie globale dans le PIB. Au niveau mondial, on est dans les mêmes eaux que les États-Unis et le Royaume-Uni.
Comment expliquer cette place de la France ?
Comme le Royaume-Uni et les États-Unis, les acteurs économiques ont fait le choix du tertiaire, du service plutôt que des usines ces dernières décennies, avec le tourisme et la finance par exemple.
Les industries françaises ont beaucoup externalisé les coûts de production, délocalisé. Une dynamique très en vogue dans les années 2000, à tel point qu’en 2001 le patron d'Alcatel, le géant français des télécommunications, disait même rêver d'une "entreprise sans usine".
Un rêve partagé par beaucoup, mais sur laquelle la classe politique est revenue. Les pénuries de masques pendant la pandémie de Covid, plus récemment la guerre en Ukraine ont questionné notre indépendance énergétique et industrielle. Et il n'y a pas que Marine Le Pen qui réclame une relance des industries locales, puisque c'est désormais un consensus politique. Emmanuel Macron le reconnaît aussi, notamment en octobre 2021 : "Si on ne réindustrialise pas le pays, on ne pourra pas redevenir une grande nation d'innovation".
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