Législatives 2024 : la gauche souhaite priver le RN de postes à responsabilités dans la nouvelle Assemblée

À gauche, les reponsables politiques sont convaincus qu'accorder des postes de vice-présidents, questeurs ou secrétaires à l'extrême droite contribue à sa notabilisation. L'ex-majorité présidentielle est tiraillée.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 7 juin 2024 lors l'audience publique sur le projet de loi d'accompagnement des malades en fin de vie. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)

Après l'élection d'un ou d'une présidente de l'Assemblée nationale, jeudi 18 juillet, il y aura 21 postes de choix à pourvoir : six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires. Depuis 2022, le RN avait deux vice-présidents, élus grâce aux voix de certains macronistes. Les écologistes, socialistes et insoumis les appellent cette fois à faire barrage, convaincus qu'accorder ce genre de postes à l'extrême droite contribue à sa notabilisation. "On imagine que les macronistes ne feront pas deux fois la même bêtise", insiste un socialiste. C'est une question épineuse pour l'ex-majorité présidentielle. Le sujet n'a pas encore été formellement discuté par les députés Renaissance, ni au MoDem, ni chez Horizons. 

Débats mouvementés à prévoir

D'un côté, vous avez des macronistes formels et déterminés : "il faut faire barrage au RN à l'Assemblée, c'est une question de cohérence sinon il ne fallait pas faire le front républicain au second tour des législatives !". De l'autre côté, vous avez ceux qui sont résolument hostiles à tout barrage, avec cet argument : "il y a 10 millions de personnes qui ont voté RN, on ne combat pas ses opposants en les muselant ou en les contournant, s'insurge un élu francilien, il faut respecter les équilibres de l'Assemblée". Ou alors, avertit un membre de l'aile droite, "il faut mettre LFI sur le même plan que le RN". D'autres avouent que leur "religion n'est pas faite". Bref, l'ex-majorité est tiraillée : qu'est ce qui sert le plus le RN ? Avoir des postes à responsabilités comme les autres partis ou les ostraciser ? "Les exclure, souffle un conseiller, c'est risquer de leur donner du grain à moudre".

Le RN est évidemment ulcéré face à ces velléités de lui barrer la route. Marine Le Pen accuse la gauche d'être "profondément antidémocrate". Ses députés sont indignés par des manœuvres qu'ils estiment "antirépublicaines", alors que le groupe RN compte aujourd'hui 125 députés, ce qui en fait le premier de l'hémicycle. "On demande juste le respect de l'article 10 du règlement intérieur de l'Assemblée, ni plus ni moins", assène un député RN. Que dit-il cet article 10 ? Que "l'élection des vice-présidents, des questeurs et des secrétaires a lieu en s'efforçant de reproduire la configuration de l'Assemblée".

Il n'y a pas d'obligation, mais c'est un usage, qui doit assurer un fonctionnement de l'Assemblée en bonne intelligence, en fonction du poids de chacun. Un proche de Marine Le Pen garde espoir que le RN ne soit pas écarté de ces postes prestigieux, au motif selon lui que "les macronistes ne voudront pas se mettre dans les mains du Nouveau Front populaire".

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