Menace de dissolution : le grand bluff d'Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a réitéré une menace de la dissolution, mercredi soir à l’Élysée, au cas où l’opposition voterait une motion de censure dans le contexte de la réforme des retraites. Mais aujourd'hui, aucun parti n'aurait réellement intérêt à subir une dissolution.
Des élections législatives anticipées, c’est l’épée de Damoclès suspendue au-dessus du parlement depuis le mois de juin. Une arme à la disposition d’Emmanuel Macron au cas où l’Assemblée serait bloquée.
Ce qui est intéressant c’est que personne, pas même probablement Emmanuel Macron, ne veut réellement d’une dissolution. Pourtant, cette idée a été accueillie hier par des déclarations bravaches : "Chiche", a lancé Marine Le Pen quand Jean-Luc Mélenchon a parlé d’une "opportunité". Evidemment rien de tout ceci n’est vrai…
Une dissolution est un moment dangereux
Etudions un instant la situation politique actuelle. Emmanuel Macron est-il certain d’avoir plus de députés après une nouvelle élection législative ? pas sûr… Jean-Luc Mélenchon fanfaronne mais la Nupes est en difficulté. L’union de la gauche existe mais ressortirait-elle aussi forte et plus nombreuse alors qu’elle se déchire sur le fond comme sur les affaires ? La droite LR, en pleine campagne pour sa présidence, cherche toujours son positionnement. Quant au RN, Marine Le Pen veut-elle réellement prendre le risque de remettre en jeu son score historique de 89 députés ?
Le RN est dans une phase de consolidation mais parfois en politique le mieux est l’ennemi du bien. Sachez qu’au Rassemblement national, certains s’inquiètent même d’un scénario où le RN deviendrait majoritaire. "Si l’occasion se présente, Marine assumera, elle ira à Matignon", explique l’un de ses proches mais ce membre du premier cercle tempère tout de suite : "Le piège, ce serait qu’elle se retrouve Première ministre et que Macron l’essore pendant des mois." Une cohabitation, face à la réalité des difficultés de gouverner, c’est pour Marine Le Pen prendre le risque de se brûler les ailes et d’être discréditée pour l’Elysée en 2027.
Le risque d'une dissolution ratée comme en 1997
Reparler de dissolution pour Emmanuel Macron, c’est un coup de pression. Une manière de montrer que c’est lui le patron mais c’est aussi un signe de fébrilité.
La dissolution, c’est une menace à utiliser avec précaution. En 1997, Jacques CHirac a tenté un coup politique. Il dissout l’Assemblée pensant reprendre la main pour faire des réformes impopulaires. Le président, de droite, pense la gauche divisée. Résultat : le socialiste Lionel Jospin arrive à Matignon… Un cas d’école de dissolution ratée. C’est donc une arme dont on ne maîtrise pas toujours les effets.
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