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Présidentielle 2022 : le "vote caché" par les instituts de sondage n'existe plus

Selon l’entourage d’Eric Zemmour, il y aurait un "vote caché" que les instituts de sondages ne parviendrait pas à faire ressortir dans les intentions de vote à la présidentielle. Mais aujourd'hui, les Français ne rechignent plus à dire qu'ils votent à l'extrême droite. 

Article rédigé par franceinfo - Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Eric Zemmour et son équipe de campagne lors d'un meeting à Lille le 5 février 2022. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Un vote "caché" ou "sous-estimé" : c'est un argument régulièrement avancé par l'entourage du candidat Eric Zemmour, avec l'idée que les instituts de sondage ne rapporteraient pas fidèlement ce qu’ils observent auprès de la population. Ils redressent les résultats ou encore n'arriveraient pas à mesurer ce que pensent réellement les Français à l'approche de la présidentielle 2022. Des critiques infondées, selon plusieurs experts et ce pour une raison simple : rien ne permet de dire que les sondés n’expriment pas ce qu’ils pensent. En ce qui concerne Eric Zemmour, plus rien n’empêche aujourd’hui des Français de révéler qu’ils votent à l'extrême-droite. 

L'équipe d'Eric Zemmour surfe sur une idée révolue mais quii était vraie il y a plusieurs années. Dans les années 1980 par exemple, le vote Front national était socialement peu acceptable. Les électeurs du FN avaient du mal, ou parfois honte, à avouer leur vote quand un sondeur les appelait par téléphone. Même chose avec le vote communiste dans les années 1960-1970, quand les sondages se faisaient alors en tête à tête.

Aujourd'hui, la parole est plus libre, les opinions politiques plus décomplexées, et les sondages sont faits sur internet. Rares sont désormais les internautes qui ont peur de dire ce qu’ils pensent devant leur écran, les réseaux sociaux en sont une illustration.

Une image, pas une preuve

L'argument est néanmoins utile et politiquement payant. Un sondeur explique : "C’est toujours vendeur de critiquer les chiffres quand ils sont défavorables." Ce discours sert à mobiliser son électorat mais reste un propos de campagne. En réalité, il est très compliqué de se faire une idée de l’opinion de tout un peuple. "Il faut se méfier des audiences télé d’un candidat ou de l’affluence d’un meeting, décrypte un spécialiste. Ce ne sont pas des indicateurs prédictifs." L'ardeur des meetings de Ségolène Royal en 2011 ou les longues dédicaces de Nicolas Sarkozy en 2016 n'étaient manifestement pas représentatifs de l'électorat.

La ferveur des militants pro-Zemmour et les images des meetings du candidat nous disent donc quelque chose sur l’ambiance du pays mais pas sur l’opinion de la population.

La satisfaction "prudente" du jour. Le Conseil constitutionnel a déjà validé 127 parrainages pour Philippe Poutou, "C’est plus qu’à la même époque en 2017", selon un proche du candidat. Mais au NPA, on reste prudent pour les 500 signatures : "Avant, les maires protestaient contre le système en nous parrainant. Maintenant, ils protestent en refusant de parrainer qui que ce soit." Autour de Philippe Poutou, on parle d’une forme "d’abstention du parrainage".

La rumeur du jour. Celle d’un remaniement, dans les prochaines semaines, pour faire sortir du gouvernement les ministres qui auraient à jouer un rôle dans la campagne d’Emmanuel Macron. Pour les remplacer, "on ne manque pas de candidats", persifle un membre de l'exécutif qui s’amuse à recenser les ministres éphémères de fin de quinquennat : Hervé Mariton, ministre des Outre-mer de Jacques Chirac pendant 1 mois et 18 jours, en 2007, ou encore Matthias Fekl, ministre de l’Intérieur de François Hollande pendant 1 mois et 19 jours, en 2017.

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