Projet de loi immigration : la droite dit non (pour le moment)
Ce projet de loi immigration était censé être l’illustration du "en même temps". Un texte porté par deux ministres : celui du travail, Olivier Dussopt, issu de la gauche, et celui de l’intérieur, Gérald Darmanin, issu de la droite. Une énième réforme sur l’immigration, pensée dans un souci d'"équilibre", pour reprendre le mot de l’exécutif.
On y trouve par exemple la création d’un titre de séjour "métiers en tension" pour les travailleurs sans papiers déjà sur le territoire et "en même temps", des mesures visant à faciliter les reconduites à la frontière.
Un "équilibre" qui ne passe pas. Comme il parait loin le temps où l’exécutif imaginait pouvoir rallier une partie de la droite et une partie de la gauche. Car, maintenant, que ce texte est au Sénat, il a désormais des détracteurs des deux côtés en même temps. À gauche, on fustige une loi qui déroulerait le tapis rouge à l’extrême-droite. À droite, on dénonce des mesurettes. Ça ne convient à personne. "Le texte est trop macroniste", reconnaît un proche du chef de l'Etat.
La droite essaie-t-elle de faire monter les enchères ?
Pourtant, comme pour les retraites, c’est bien de la droite dont l’exécutif avait besoin. Sauf que ces derniers jours, la droite a annoncé la couleur : ça sera sans elle. Pour les élus LR, les titres de séjour seraient en réalité des "appels d’air aux frontières". D’autres dénoncent un "manque de courage" ou un "coup de communication".
La droite n'en veut pas... à moins qu'elle ne soit en train de jouer avec le gouvernement. La droite, courtisée sur les retraites comme sur l'immigration, n'est-elle pas en train de faire monter les enchères ? "Darmanin essaie d’angler plus à droite sans changer la copie", répond un des piliers de la Macronie. Sauf que, plus le gouvernement durcit sa position pour séduire la droite, plus il risque de perdre l’aile gauche de la majorité. Limites et vertiges du "en même temps". "C’est un projet mort-né", regrette un député Renaissance…
Reste que le gouvernement n'a pas vraiment d’autres solutions. Marine Le Pen considère que ce texte n’est pas au niveau et officiellement, Gérald Darmanin ne veut pas des voix du RN. Quant à la possibilité de passer en force, un ministre m’expliquait qu’un 49-3 n’était pas une option. Pour l'instant, cette loi est dans une impasse.
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