Projet de loi immigration : la gauche ne veut pas porter le chapeau de la droitisation du texte
"On a empêché 15 jours de débats dégueulasses dans l'hémicycle avec une surenchère entre la droite et l'extrême droite, et la majorité qui court derrière elles". C'est à peu près la seule victoire que revendique un dirigeant socialiste, car la partie se joue désormais sans la gauche. Elle ne peut qu'assister impuissante aux tractations entre LR et la macronie. "Ciotti, Marleix et Retailleau les font sauter à la corde et font durer le sketch", persiffle un écologiste.
Pourtant, la gauche ne regrette pas d'avoir poussé le gouvernement dans les bras de la droite, malgré le risque d'avoir à l'arrivée une loi immigration beaucoup plus dure. Certains d'ailleurs sont lassés, voire en colère, de cette petite musique selon laquelle la gauche serait responsable. "C'est injuste, s'agace un conseiller, ce n'est pas la faute de la gauche s'ils s'apprêtent à faire la loi immigration la plus à droite de la Ve République !". Beaucoup partent du principe que motion de rejet ou pas, à la fin, le prix à payer pour la majorité aurait été le même afin d'attirer les voix LR. "Darmanin fait tapis avant la motion de rejet, rappelle un député vert, en promettant de traiter la question de l'aide médicale d'État plus tard et en ouvrant la voie au rétablissement du délit de séjour irrégulier". "Il nous roule dans la farine depuis des mois, appuie une élue de la commission des lois, il n'y avait rien à négocier pour la gauche". Un socialiste plaide non coupable : "le pas de deux entre la majorité et la droite dure depuis des mois, dit-il, ils écrivent sous la dictée des LR depuis qu'ils ont décidé de faire examiner le texte d'abord par le Sénat".
Rappeler les lignes rouges
Mais la gauche garde espoir de voir échouer la loi immigration car "le gouvernement n'a pas de majorité pour la faire voter" martèle un insoumis et "on reste mobilisés pour le faire tomber définitivement". La stratégie de la gauche d'ici lundi, voire d'ici mardi s'il y a un accord en commission mixte paritaire, c'est de jouer les mauvaises consciences, en rappelant aux macronistes toutes les lignes rouges qu'ils avaient fixées. "Certains peuvent refuser un accord à n'importe quel prix, ils en sortiraient grandis", insiste un socialiste. L'objectif c'est que l'aile gauche de la majorité craque. De toute façon, la gauche n'a pas d'autres moyens de pression.
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