Faut-il changer le nom du ministère des Outre-mer ?
Depuis des années, on utilise l'appellation "Outre-mer" pour parler de ces territoires français répartis sur le globe qui représentent près de trois millions de Français, des Antilles à Wallis-et-Futuna, de la Polynésie à la Guyane. Sauf que cette notion est remise en question. Son caractère colonial est souvent interrogé. Parler d’Outre-mer sous-entend qu’il y aurait un centre, la métropole, et une périphérie.
Un vocabulaire avec lequel Jean-François Carenco, lui-même ministre des Outre-mer, ne semble pas vraiment à l’aise. Le ministre se place d’un point de vue philosophique, "quasi-poétique" explique son entourage. Depuis sa nomination, il y a six mois, Jean-François Carenco utilise donc des périphrases dans ses discours. Il parle de "France océane ou océanique", "d’Archipel français", notion qui n’inclut pas la Guyane. Voilà des noms qui pourraient se retrouver sur la table en cas de débat sur le sujet.
Pour l’instant, cette réflexion reste strictement personnelle. Aucun mandat n’a été donné à Jean-François Carenco par le ministère de l’Intérieur, Matignon ni même l’Elysée. Aucune note ministérielle n’existe sur le sujet. Pour autant, Jean-François Carenco en parle parfois de manière informelle avec des intellectuels, comme la Guyanaise Christiane Taubira ou le Martiniquais Patrick Chamoiseau.
Une initiative personnelle qui agace les élus ultra-marins
S’il est parfois critiqué pour ses prises de positions, Jean-François Carenco met le doigt sur un débat sémantique qui a son importance, dans les deux sens. Dans des médias comme chez nos confrères de La 1ère, on ne parle plus de métropole, mais d’Hexagone. Les mots mettent en lumière des aspirations qui évoluent.
Emmanuel Macron a longtemps cru que les Outre-mer étaient des territoires où son message politique pouvait porter. Les résultats de la présidentielle, puis des législatives, ont été des camouflets pour la macronie. Et actuellement, la pression y monte. Chaque territoire a son histoire et sa spécificité, mais on note ici des revendications d’autonomie, là des velléités d’indépendance, mais toujours des problématiques politiques, financières ou sanitaires.
On peut débattre des appellations, mais l’idée de jouer sur les mots agace les élus ultra-marins contacté par franceinfo : eux s’inquiètent plutôt de la sécurité, de l’inflation, des déserts médicaux ou de la question de l'eau potable. "C’est à se demander si l’exécutif saisit bien l’urgence du moment en Outre-mer", se désespère la députée de Mayotte, Estelle Youssouffa.
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