Référendum sur la réforme des retraites : quand le RN vole la vedette à la Nupes
Pour le Rassemblement national, le hasard fait parfois bien les choses. Ce mardi, la Présidence de l’Assemblée s’est retrouvée devant une situation inédite : la Nupes, puis le RN ont tous deux déposés une motion référendaire. Un cas de figure qui n’est pas prévu par le règlement de l’Assemblée. Il a donc été décidé de tirer au sort et c’est le RN qui a gagné. C’est ainsi la motion du Rassemblement national qui sera examinée lundi prochain, quand la réforme des retraites arrivera dans l’hémicycle.
Rappel de ce qu'est une motion référendaire : c’est un outil pour tenter de soumettre une loi à un référendum. Tenter, car très concrètement, il faut faire adopter cette motion par une majorité à l’assemblée puis par le Sénat. Et enfin, c’est le président de la République qui accepte, ou non, d’organiser un référendum. Autant dire que, dans le contexte, ça n’a aucune chance d’arriver. Mais ce qui s’est joué mardi est un coup politique habile pour le RN. Et c’est pour cela que la Nupes ne décolère pas.
Selon les informations de Franceinfo, le RN savait très bien que le règlement ne prévoyait pas la possibilité d’avoir deux motions. En déposant son texte après la Nupes, le RN a donc sciemment créé une confusion institutionnelle qui, in fine, lui a bénéficié.
La Nupes a accepté le tirage au sort, mais en conteste le résultat
En réalité, cette motion n’a aucune chance d’aboutir, mais elle offre une tribune au Rassemblement national, dans un moment où c’est la Nupes qui mène la fronde la plus visible contre la réforme des retraites. Quoi qu’il en dise, le RN n’est pas très actif sur les retraites : il n’est pas dans les cortèges. Le RN a même déposé moins d’amendements que la majorité elle-même. En revanche, c’est le RN qui pourra se prévaloir d’avoir tenté de donner la parole au peuple via un référendum et ça, politiquement, ça peut payer.
En face, les différents membres de la Nupes répètent que jamais ils ne voteront un texte qui vient du Rassemblement national. Là encore, du pain béni pour l’extrême-droite. Un député RN s’en amuse : "On verra qui est vraiment dans l’opposition".
La gauche est donc piégée. Pour l’heure, les quatre présidents des groupes de la Nupes ont écrit une lettre à la patronne de l’Assemblée pour demander l’annulation du tirage au sort. Vaine tentative alors qu'ils avaient accepté le principe du tirage au sort. En coulisses, au-delà de la bataille des retraites, les oppositions bataillent surtout pour la place de meilleur opposant à Emmanuel Macron.
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