Réforme des retraites : alerte rouge dans la majorité
Emmanuel Macron pourrait réformer les retraites en passant en force au parlement. La méthode inquiète déjà les cadres de la coalition présidentielle.
"Promettre une nouvelle méthode de gouvernement, lancer le CNR, et passer en force sur les retraites… C'est totalement incohérent" : voilà en résumé ce que pense un influent partenaire politique d’Emmanuel Macron. Depuis lundi, ils sont nombreux à faire passer des messages, à alerter : François Bayrou, Edouard Philippe, et jusqu’au sein même du gouvernement.
Le sujet a été au cœur d’un petit-déjeuner autour de la Première ministre mercredi 14 septembre, pourtant l’Elysée laisse toujours planer le doute. Emmanuel Macron l’avait évoqué lundi devant la presse : sur les retraites, le passage en force est possible.
>> Réforme des retraites : les pistes de l'exécutif
Passer en force sur les retraites, concrètement, c’est la possibilité d’utiliser l’article 49-3 de la Constitution, qui permet au gouvernement de faire adopter un texte sans vote au parlement. Le budget de la Sécurité sociale, ce qu’on appelle le PLFSS, doit bientôt être discuté à l'Assemblée. Une réforme des retraites pourrait s’y glisser : un simple amendement pourrait modifier l’âge de départ, ou la durée de cotisation, par exemple. Et d’un coup de baguette de 49-3, la réforme des retraites serait ainsi adoptée.
La méthode fait bondir les partenaires d’Emmanuel Macron
Pour l’heure, cela se murmure uniquement dans les cercles politiques, mais bientôt certains poids lourds pourraient alerter publiquement l’exécutif. "Ne donnons pas l’impression aux Français qu’on les brutalise", explique un élu. Qu’on comprenne bien : à Horizons et au MoDem, on ne remet pas en cause le bien-fondé de la réforme des retraites, bien au contraire. Cela fait 20 ans que François Bayrou se bat pour une réforme des retraites !
C’est bien la méthode qui inquiète. "Il y aura une crise sociale immédiate", pronostique un cadre, quand un député proche d’Edouard Philippe prévient : "La France, c’est de la porcelaine. Je ne veux pas les manifs, la violence… Ne réveillons pas les 'gilets jaunes' !"
Ballon d'essai ?
Du côté de l’exécutif, on observe cette levée de boucliers comme le lait sur le feu. "Rien n’est tranché pour le moment", tempère Matignon. "C’est un ballon d’essai", tente de rassurer un autre conseiller qui affirme que passer "en douceur" avec un projet de loi classique ne garantirait pas un accueil social plus favorable.
À l’Elysée, on rappelle que ça n’est pas le président qui décide, que le travail parlementaire est défini par le gouvernement. Et quand bien même personne ne croit vraiment à cette version, l’exécutif est en train d’observer les réactions dans l’opinion, dans les syndicats et dans sa majorité. Aucun doute qu’Emmanuel Macron en parlera jeudi matin : il reçoit notamment les députés de la majorité membres de la commission des finances, pour s’assurer qu’ils suivront bien les consignes.
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