Région Auvergne-Rhône-Alpes : les choix de Laurent Wauquiez font trembler le monde de la culture
La philosophie assumée par le président de région, Laurent Wauquiez, c’est : davantage de subventions pour la ruralité et les festivals, moins pour les métropoles. Concrètement, plus d’une centaine d’arbitrages vont être rendus vendredi 12 mai.
La région revendique plus de 120 hausses de budgets et seulement quelques baisses. Mais pour certains observateurs, nombre de ces choix seront plus politiques que réellement culturels. L’exemple récent le plus retentissant, c’est la suppression de la subvention accordée au Théâtre Nouvelle Génération de Lyon, un centre d’art dramatique. Suppression en réaction aux critiques du directeur du théâtre. "Avec lui, on a des divergences", assume le cabinet de Laurent Wauquiez qui justifie ainsi cette coupe budgétaire : "On ne peut pas nous demander de collaborer avec un directeur, représentant syndical, qui dénonce notre politique culturelle." Conséquence directe : 149 000 euros de subvention perdus.
Des subventions plus politiques que culturelles ?
La semaine dernière, plusieurs anciens ministres de la Culture ont signé une tribune pour dénoncer "une mesure punitive qui attaque la liberté d’expression". La région s'en défend mais cet exemple n'est pas totalement isolé. L’an dernier, une trentaine d’acteurs culturels lyonnais ont perdu tout ou partie de leurs subventions : - 500 000 euros pour l’Opéra, - 350 000 euros pour la Villa Gillet, un centre sur la littérature, qui a failli mettre la clé sous la porte. Ces coupes ont surtout touché Lyon mais aussi Grenoble, deux villes écologistes qui ne partagent pas les idées politiques de Laurent Wauquiez. Encore une fois, l’équipe du patron de région assume : "Certains voient les subventions comme des rentes, cela n’est pas automatique", décrypte un conseiller.
>>> Edito. Le populisme bien élevé de Laurent Wauquiez
Un impact sur la création artistique
Cette pression empêche une partie des acteurs culturels de planifier sereinement de nouveaux spectacles et de faire des investissements. Le budget de la région devient un couperet. Sur le fond, les centres culturels doivent-ils se soumettre à la vision de la culture de la région pour continuer à exister ? Le risque est de ne plus avoir que des spectacles qui seraient validés par le politique. Exemple début mai : la région a débloqué jusqu’à 40 millions d’euros pour la construction d’un site touristique sur la civilisation gauloise.
Face à cela, l'Etat n'a pas beaucoup de leviers en raison de la libre administration des collectivités territoriales. l’Etat n’a pas à intervenir. Mais ce qui est dénoncé dans la politique de la région Auvergne-Rhône-Alpes, c’est le manque de concertation entre les collectivités. Aucun dialogue en amont de ces décisions, alors que l'arrêt brutal d’une subvention peut entraîner la fermeture d’un lieu.
Pour l’heure, au ministère de la Culture, on observe cette dérive jugée "autoritaire et populiste". "On attend de voir l’étendue des dégâts", expliquait mercredi 10 mai sur France 5 la ministre Rima Abdul-Malak.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.