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Réseaux sociaux : Marine Le Pen et le risque de censure

Après la suppression des comptes de Donald Trump sur Facebook et Twitter, le Rassemblement national cherche une parade pour être moins dépendant de ces deux réseaux. En toile de fond, la peur d'être réduit au silence pendant la présidentielle.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen lors d'un meeting le 16 mai 2019 à Fessenheim (Haut-Rhin) (FREDERICK FLORIN / AFP)

En 2017, Marine Le Pen avait joué "à fond" la carte d'internet durant sa campagne, pour contourner des médias jugés hostile à sa candidature et pour forger un peu plus une posture "anti-système". Quatre ans plus tard, la suspension des comptes Facebook et Twitter de Donald Trump l'oblige à repenser sa stratégie pour 2022.

"Si c’est arrivé au président américain, ça veut dire que ça peut arriver à tout le monde", tremble déjà un soutien de la candidate. Les cadres du parti s’inquiètent de changement dans les conditions d'utilisation de ces réseaux. "Que faire s’ils décident demain qu’être contre l’immigration est contraire à leurs règles ?" s’interroge un membre de la direction.

"Et bien on n’a pas la solution", reconnaît un cadre, pour qui les régionales de juin serviront de "crash test" car la situation sanitaire risque d’imposer une campagne 100% en ligne, sans possibilité de faire du terrain ou de tenir des meetings.

L'exemple polonais

Les équipes de la candidate planchent sur des pistes, sur le fond et la forme. Avec l'idée, déjà, d'en faire un thème de campagne. La partie du programme consacrée aux libertés, notamment à la liberté d’expression, sera musclée.

Un exemple est régulièrement évoqué en réunion : celui de la Pologne, qui permet à un citoyen d’attaquer les Gafa en justice s’il estime avoir été outrageusement censuré. Le Rassemblement national veut s’en inspirer et proposer la même mesure en France.

Sur la forme, l'idée principale reste de diversifier les supports. Dans la foulée de la suppression des comptes de Donald Trump, Marine Le Pen et d’autres dirigeants de son parti ont lancé leurs chaînes sur Telegram, une messagerie russe investie par Emmanuel Macron et En Marche dès 2017. "L’avantage de Telegram, plaide un conseiller, c’est qu’il n’y pas d’algorithme ou de filtre. Les abonnés reçoivent 100% du contenu." La candidate veut aussi miser sur deux réseaux sociaux prisés des jeunes : l’Américain Snapchat - où elle a déjà un compte - et le Chinois Tik Tok - où elle se lancera bientôt.

Se réconcilier avec les médias

"Cela va nécessiter de reconfigurer nos ressources internes, et éventuellement recruter pour la présidentielle une personne dédiée à la gestion de tous ces réseaux", explique un proche.

Toujours dans l’idée de ne pas mettre ses oeufs dans le même panier, le Rassemblement national veut renouer avec les médias traditionnels - presse, radio, télé - pour ne surtout se priver d’aucun canal. 

Un autre candidat est confronté à la même problématique : Jean-Luc Mélenchon qui a reconnu dans ses voeux devoir "reformuler sa stratégie", changer ses relations avec la presse pour "avancer sur deux jambes."

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