Retraites : la réforme peut-elle propulser Marine Le Pen à l'Elysée ?
Jeudi prochain, au moment où la France qui s’oppose à la réforme des retraites sera dans la rue, Marine Le Pen sera loin. À la chaleur des cortèges syndicaux, la présidente du groupe RN à l’Assemblée préférera les températures de Dakar. Elle débute en effet ce mardi une visite de trois jours au Sénégal, où elle plaidera notamment pour qu’un pays africain obtienne un siège au conseil de sécurité de l’ONU. Des sujets bien loin de l’actualité sociale et politique française, mais ça n’empêchera pas Marine Le Pen d’être bien présente dans les esprits…
À l'image de Laurent Berger, beaucoup affirment que le gouvernement lui déroule le tapis rouge et que le "risque RN" en 2027 monte d’un cran avec cette réforme. Selon le patron de la CFDT, la colère ne se fera pas uniquement dans la rue, mais qu’on la retrouvera aussi un jour dans les urnes. Pour décrypter cette prédiction, il faut comprendre qui est particulièrement touchée par cette réforme : les classes moyennes, ceux qui n’ont pas fait d’études longues, les techniciens, les commerciaux, ceux qui travaillent depuis leurs 20 - 22 ans… C’est à eux que le gouvernement demande le plus d’efforts.
Les classes populaires sont les plus touchées par la réforme.
Sans faire de généralités, les différentes études montrent que ces populations sont plus enclines à se tourner vers l'extrême-droite. Dans le dernier baromètre Kantar Public EPOKA, on voit que dans ces catégories socio-professionnelles, la côte de Marine Le Pen (40) est presque deux fois supérieure à celle d’Emmanuel Macron (23) ou de Jean-Luc Mélenchon (23). Dans les classes populaires, le RN est vu comme la principale opposition au chef de l’Etat.
Rajoutez par-dessus, les 50-64 ans, électorat où le RN est déjà assez fort, un âge qui se sent directement visé par cette réforme puisque la retraite est toute proche pour eux. Le vote extrême-droite peut-être perçu comme un débouché de la colère. De quoi faire monter encore un peu plus le Rassemblement National.
Évidemment, pour l'heure, tout ça n'est que de la théorie. Pour mesurer ce scénario, il faudra un passage dans les urnes. Le plus évident est la présidentielle 2027, mais, avant, il peut y avoir une dissolution avec un RN qui se renforcerait à l’Assemblée. Tout ça est encore un peu lointain, mais la politique est parfois l’art de récolter des fruits qui mettent du temps à mûrir. Voilà pourquoi Marine Le Pen n’a aucune urgence à s’afficher dans les cortèges jeudi prochain. Des cortèges où, de toute façon, elle ne serait probablement pas la bienvenue au milieu des syndicats.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.