Retraites : le gouvernement rend le COR responsable de la mauvaise compréhension de la réforme
Les 345 pages du 9e rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), publié mi-septembre, étaient censées planter le décor. Le COR, instance indépendante bien que rattachée à Matignon, est composée d’administrations, de parlementaires et de partenaires sociaux. Ses méthodes, a posteriori, sont contestées. Au sommet de l’État, on regrette que ce rapport n’ait pas permis au plus grand nombre de se mettre d’accord sur un simple constat : une réforme des retraites était-elle nécessaire ou non ?
Le Conseil d’orientation des retraites a proposé plusieurs scénarios, mais en privé, la Première ministre déplore ce fonctionnement et ces différentes hypothèses. "Chacun obtient le scénario qu’il souhaite, ça a brouillé les pistes", regrette Elisabeth Borne.
Les différentes hypothèses du COR ont "brouillé les pistes", selon Matignon
L’exécutif considère qu’une partie de ces hypothèses n’étaient pas réalistes et qu’elles ont biaisé le débat. Mais quand on creuse, on comprend que le problème n’est pas tant le rapport lui-même que les sorties publiques du président du COR. Le 19 janvier dernier, Pierre-Louis Bras s'était exprimé devant la commission des Finances de l'Assemblée. Il avait indiqué que les dépenses des retraites "ne dérapent pas" et que "sur le long terme, elles diminuent dans trois hypothèses sur quatre". Une simple phrase au milieu de 30 minutes d’échanges, qui avait enflammé les réseaux sociaux. L’opposition y avait vu la confirmation que cette réforme était inutile. Le gouvernement a eu beau répéter qu’il ne parlait que des dépenses, pas des recettes, la bataille de l’opinion était perdue.
Trois mois plus tard, la Macronie ne décolère pas. "Déraper, ce n’est pas un concept économique", s’agace le député Renaissance Marc Ferracci, lui-même membre du COR.
Vers une réforme du COR ?
À Matignon aussi, le regard est sévère. On juge que le COR n’est plus le lieu où on peut se mettre d’accord sur un diagnostic. La Première ministre semble réfléchir à une formule où les partenaires sociaux seraient en responsabilité, comme pour les retraites complémentaires. À terme, une refondation de ce Conseil d’orientation n’est donc pas à exclure. "Cela doit se faire à froid", tempère tout de même un macroniste.
Mais la charge de l’exécutif contre le COR ressemble tout de même bien à une diversion. À aucun moment la majorité n’a su convaincre que cette réforme était nécessaire. "On aurait dû commencer par expliquer les imperfections du système actuel", enrage un député. "Si ça n’a pas fonctionné, c’est de notre faute", reconnaît un conseiller à Bercy.
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