Travail, immigration, transhumanisme... L'extrême droite veut surfer sur l'intelligence artificielle
C’est encore un peu gadget, mais le parti d’Eric Zemmour est le premier à mettre le pied dans la porte de l’intelligence artificielle. La semaine dernière, Reconquête a lancé Zemmour.Chat, un robot conversationnel permettant de répondre à des questions sur la base des idées d’Eric Zemmour. À chaque réponse, une petite quinzaine de lignes avec un lien vers le programme Reconquête. C’est propre, lisible et totalement réalisé par une intelligence artificielle.
L'IA au service des thèses de l'extrême droite?
Évidemment, c'est du marketing politique, mais si Reconquête avance sur ce sujet, c’est que l’IA est prise très au sérieux dans l’entourage d’Eric Zemmour. Ses lieutenants - Stanislas Rigault, fondateur de Génération Z, Samuel Lafont au numérique, l’influenceur Damien Rieu - revendiquent l’utilisation quotidienne de ces logiciels. Des tracts et visuels Reconquête ont déjà été créés grâce au logiciel d’intelligence artificielle MidJourney.
Au-delà d’outils au service de la communication politique, Stanislas Rigault dit vouloir comprendre et anticiper les bouleversements de l’intelligence artificielle, tels que la souveraineté numérique ou le marché du travail… "Des métiers vont être chamboulés", martèle le jeune zemmouriste. Mais l’IA sert aussi d’écho aux obsessions d’Eric Zemmour. À Reconquête, certains vont plus loin : "Est-ce que cela permettra, demain, de se passer de l’immigration de travail ?" est, par exemple, l’une des questions sur la table.
"ChatGPT, c’est l’autre grand remplacement"
Des questions qui existent aussi au Rassemblement National : les craintes charriées par l’IA sont intégrées aux thématiques chères à l’extrême-droite. C'est vrai sur l’immigration. C’est vrai aussi sur la bioéthique ou les craintes du transhumanisme, le projet fantasmé de croisement entre l’homme et la machine. "ChatGPT, c’est l’autre grand remplacement", répète ainsi souvent Jordan Bardella, qui en a longuement débattu lors de la récente soirée de Valeurs Actuelles. Il doit en reparler le 19 juin prochain lors d’un colloque organisé au niveau européen.
"Ce sont des sujets où on est moins audible, mais il nous faut toucher de nouveaux publics", explique-t-il en privé. Objectif : les classes moyennes supérieures, des populations où le RN a encore du mal à s’installer. L'intelligence artificielle sera "aux cadres supérieurs ce que la révolution industrielle a été aux ouvriers", pronostique le président du RN.
Une petite touche anxiogène pour tenter de mobiliser de nouveaux électeurs, quitte à oublier que ce sont plutôt les professions intermédiaires qui seront probablement le plus rapidement touchées par les effets de l’intelligence artificielle. Un électorat où le RN est justement davantage présent.
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