Attaque de Magdebourg : après la stupeur et l'émotion, les arrière-pensées politiques dans la perspective des élections législatives
Le chancelier Olaf Scholz a appelé samedi 21 décembre ses compatriotes à faire "barrage contre la haine", en référence au parti d’extrême-droite AfD, accusé de vouloir souffler sur les braises dans la ville meurtrie. Samedi soir, en parallèle de la veillée funèbre, quelques dizaines de manifestants se sont rassemblés devant le marché de Noël pour dénoncer la récupération de cette attaque par le parti d’extrême-droite AfD.
Sa candidate, Alice Weidel, appelle ses partisans à manifester lundi soir dans les rues de Magdebourg, ville meurtrie. Sur le réseau X, elle s’insurge : "Quand est-ce que toute cette folie s’arrêtera ?", faisant un amalgame des violences. Dans cette région de Saxe-Anhalt, l’AfD a enregistré 19,6 % des suffrages lors des législatives de 2021. Les sondages actuels pour le vote de février la donnent en tête dans ce Land, à plus de 30 %. Alice Weidel sait qu’elle peut facilement jouer sur les peurs et les colères dans cette région de l’ancienne RDA. L'AfD demande la tenue d'une session extraordinaire de la chambre des députés sur la situation sécuritaire "catastrophique" du pays.
L'insécurité était déjà un thème de la campagne
L'extrême droite tire à boulets rouges sur le fait que l’assassin était resté jusqu’à présent sous les radars de la police, malgré sa radicalité. "Pourquoi ?", demande dimanche le quotidien Bild, le plus lu d'Allemagne, dans un éditorial. Pourquoi le médecin de 50 ans suspecté d'avoir causé la mort de cinq personnes et d'en avoir blessé plus de 200 autres vendredi soir, n'a-t-il pas été mis hors d'état de nuire, alors que depuis des années il multipliait les signaux inquiétants en Allemagne ? Présenté à un juge samedi soir, il a été placé en détention provisoire.
Selon le magazine Der Spiegel, les services secrets saoudiens avaient adressé il y a un an une mise en garde à leurs correspondants allemands du BND au sujet de l'homme. En cause : un de ses tweets dans lequel il menaçait l'Allemagne d'un "prix" à payer pour son traitement des réfugiés saoudiens. Il ne cessait d'accuser l'Allemagne de ne pas assez protéger les Saoudiens fuyant leur pays pour échapper à un islam rigoriste, et en revanche d'accueillir à bras ouverts des musulmans radicaux d'autres pays.
Le reste de la classe politique dénonce une récupération de mauvais goût, dans la mesure où l’homme manifestait des sympathies pour l’AfD. L’heure est encore au recueillement, mais on sent déjà monter une ambiance de peur, de suspicion et de colère qui va forcément marquer cette campagne électorale.
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