Fêtes de fin d'année : le Noël très "made in China" des foyers français
Sapins, guirlandes ou boules de Noël... Autant d'objets qui décorent de nombreuses maisons françaises lors des fêtes de fin d'année, mais qui proviennent de l'autre bout du monde.
Direction la ville de Yiwu, en Chine, à 300 kilomètres au sud de Shanghai, qui compte plus de 1 000 usines entièrement dédiées à la production de nos ornements. C'est le plus gros centre manufacturier au monde et 90 % environ de nos décorations de Noël y sont fabriquées.
L'une de ces usines produit chaque année 250 millions de boules de Noël. Les machines tournent à plein régime. Malgré tout, la production ne se retrouvera pas sur nos sapins cette année, mais en 2025. "Les produits que vous voyez sont principalement destinés aux clients américains et européens ", explique Ren Ziyu, le patron de l'usine.
De nouvelles tendances chaque année
Ren Ziyu poursuit, désignant des décorations scintillantes : "Ces boules vont être exportées vers la France. Mon client français m’en a commandé 150 conteneurs, soit environ 300 000 boules". L'accès est en revanche interdit dans l'un des recoins de l'usine, "parce que ce sont les nouveautés que nos clients français et américains nous ont demandé de concevoir pour le futur ", explique le directeur, qui ajoute avoir signé un accord de confidentialité sur ces produits.
Les boules de Noël, c’est comme les vêtements : il y a une tendance chaque année et la mode évolue selon les pays. Dans cette usine, les équipes de recherche et développement travaillent en permanence sur de nouveaux modèles, explique Zhao, le responsable marketing : "Nous avons une équipe de six designers et après septembre, ils se concentrent sur les nouveautés , pour concevoir des boules avec de nouvelles couleurs et de nouvelles matières".
En 2024, la tendance s'est plutôt portée vers le bleu de mer profond et le violet lavande, qui "se sont bien vendus", selon Zhao. "Les clients français et mexicains ont bien aimé. Les clients russes, eux, s’intéressent aux produits plus simples et moins élaborés", continue le responsable marketing.
"Nous commençons à produire après le nouvel an chinois"
Au quatrième étage de l’usine, l'ambiance est plus calme. C’est la partie manuelle de la fabrication. Liu Zhiping, l’un des ouvriers, enchaîne les opérations de collage sur des centaines de boules en plastique. "Je mets de la colle sur la forme du dessin qui a été sculpté sur la boule. Et je trempe ça ensuite dans le bac à paillettes dorées", détaille-t-il. Le travailleur fabrique ainsi 2 000 boules par jour.
Les usines disposent d’un immense showroom qui est situé au cœur de la ville. À l’intérieur du bâtiment, chaque type de décoration de Noël a son propre quartier, avec au total près de 600 magasins. Dans l'un d'eux, on vend et exporte des sapins en plastique et en métal. Alors que la Chine fait face au ralentissement de son économie, ici c’est tout le contraire. "Mon usine est de petite ou moyenne taille , explique la propriétaire. Nous commençons à produire après le nouvel an chinois, en février."
"En mars, les clients commencent à passer les commandes. En Europe, cela représente deux millions de sapins par an. Nos affaires sont bonnes."
La propiétaire d'un magasin de faux sapins en Chineà franceinfo
Juste à coté, le quartier des guirlandes, incontournables pour décorer le sapin. Dans l’un des petits magasins, le commerçant explique avoir vendu cette année quelque dix millions de guirlandes dans le monde entier.
Des prix défiant toute concurrence
Si la ville de de Yiwu parvient à dominer le marché mondial des décorations de Noël, c'est parce que les Chinois sont presque les seuls au monde à produire en très grande quantité ce type de produits. Sans oublier que les prix offerts à Yiwu défient toute concurrence : moins de dix centimes d’euros pour une boule de Noël, revendue jusqu'à dix fois plus cher. Les étoiles qu’on installe en haut du sapin coûtent ici une vingtaine de centimes l’unité et sont revendues en France à trois euros.
Face à ces prix dérisoires, se pose la question de la sécurité de ces produits. Mario Chevalier, un Français qui vit à Yiwu depuis 16 ans, exporte chaque année des décorations de Noël vers la France, mais assure qu'il faut être prudent en permanence. "Quand ils ne respectent pas les normes, on cherche un autre vendeur. Souvent, on se fie aussi à ceux qui ont déjà travaillé avec l'Europe, la grande distribution. Ça nous met en confiance", explique le commercial.
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