Présidentielle 2022 : comment la campagne s'organise autour d'Emmanuel Macron pour "5 ans de +"
Emmanuel Macron sera candidat à la réélection en avril prochain. Il ne reste plus qu'à l'officialiser. Mais en coulisses, la machine est bel et bien lancée, pilotée depuis l'Elysée.
La campagne d'Emmanuel Macron est lancée. Et s'il en fallait une preuve, la voici : lors de l'ouverture du campus de La République en Marche, samedi dernier à Avignon, la ministre déléguée chargée de la citoyenneté Marlène Schiappa chauffe la salle avec un bilan élogieux. "Jamais un président de la République n'avait fait autant en moins de cinq ans. Nous sommes ici engagés pour lui permettre de continuer à servir les Françaises et les Français cinq ans de plus".
Puis elle poursuit sur une prétérition pour encourager les auditeurs à acclamer le futur candidat : "Je ne vais pas chanter, mais je vous avoue que si vous-mêmes vous souhaitez lancer un 'Macron Président', eh bien je ne suis pas contre et il est même possible que je vous suive. La parole est désormais à la salle, je vous remercie et je vous souhaite un très bon campus". Avant finalement de scander avec la salle : "Macron président ! Macron président !"
Le parti doit même déjà prévoir d'imputer une partie des frais du congrès d'Avignon aux futurs comptes de campagne du candidat Macron. Première phase en attendant l’officialisation de la candidature : la défense du bilan.
Ce campus d'Avignon, c'est l'occasion d'armer les troupes. Elles doivent bientôt se lancer dans une grande opération de porte-à-porte, au contact des électeurs. Une nouvelle grande marche, sur le modèle de celle qui avait permis de construire le programme en 2017. Ce week-end, 20 formations étaient proposées aux quelque 4 000 militants présents.
"Il y a des éléments de langage qui nous viennent du siège. Faites en sorte d'avoir des éléments précis en fonction de votre territoire, pour que la personne en face soit plus attentive."
Une militante LREMaux militants
Un militant du Puy-de-Dôme explique que pour le tract "5 ans de +" de son département, ils ont choisi les mesures qui leur plaisaient. "En brainstormant avec l'équipe départementale, vous en avez pour deux heures à faire un tract départemental et ce sera parfait."
Tellement parfait que pour le prochain tract – un gros plan sur le bilan économique et social du quinquennat – le parti a décidé de fournir un document départementalisé clé en main, qui sera tiré à 700 000 exemplaires. Il sera distribué dès le week-end prochain, en plus du million de tracts "5 ans de +", déjà édité "à la demande d'Emmanuel Macron", nous précise un conseiller.
Une vraie attention portée à l'échelon local
Emmanuel Macron veut qu’un désir pour sa candidature monte des "territoires", explique son entourage. Pas si simple alors que l’implantation locale est le grand échec du quinquennat, que les municipales, les départementales et les régionales ont été perdues. "L’arme de guerre du moment", explique un proche du président, "ce sont les comités locaux de soutien". Il y en a déjà plus de 200, "d’une spontanéité très organisée", reconnaît le même.
À la manœuvre – entre autres – le député de la Manche Stéphane Travert, ex-ministre de l’Agriculture, qui présente les CREM, les "comités pour la réélection d'Emmanuel Macron". "C'est vraiment fait pour aller chercher celles et ceux qui ne sont pas encore aujourd'hui avec nous. Ensuite, ces comités, à charge pour Sébastien Lecornu, Thierry Solère et moi-même de leur donner des éléments pour les faire vivre, les accompagner et les animer. On ne va pas se le cacher, il faut dire les choses, c'est une manière aussi d'aller préparer la récolte des signatures pour l'élection présidentielle." Les CREM, "pour que ça passe crème", sourit un proche du président.
Stéphane Travert cite justement deux noms importants de cette campagne car très implantés dans le paysage politique : le ministre Sébastien Lecornu, président du conseil départemental de l’Eure, et Thierry Solère, ami d’Édouard Philippe et de Nicolas Sarkozy, aujourd’hui conseiller à l’Elysée. Emmanuel Macron a également "projeté" rue du Rocher, le nouveau siège de La République en Marche, l’un de ses conseillers à l’Élysée : Jérôme Peyrat, maire de la Roque-Gageac en Dordogne et lui aussi ancien sarkoziste.
Depuis la rentrée, l’équipe des "hommes du président" ne cesse de se renforcer : Grégoire Potton, un historique du parti, est revenu pour coordonner les futures campagnes présidentielles et législatives. Un ancien de chez M6 et Orange, Christian Bonbrun, se charge de la stratégie numérique. Il y a désormais également un responsable du futur programme, Pierre Bouillon, qui s’occupait jusqu’ici de France Services. Quant à Laurent Saint-Martin, candidat malheureux aux dernières élections régionales en Île-de-France, mais surtout rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, il est pressenti pour être le trésorier de la campagne.
L'argent, le nerf de la guerre
Côté militants, ils disent vouloir soutenir un homme qui incarne une ligne et un projet. D'où l'idée de vouloir se créer une bannière militante derrière laquelle ils pourraient rassembler les différentes sensibilités.
"On n'est pas 'ni de droite ni de gauche', contrairement à ce que beaucoup de gens disent. On est et de droite et de gauche ! Et il faut créer une bannière commune pour l'élection présidentielle. C'est vrai que ce n'est pas sexy de marquer 'majorité présidentielle', mais c'est la vérité."
Un militantà franceinfo
Pour l’instant, explique Romain Staempfli, membre du Conseil national, les adhérents actifs commencent à battre le rappel avec des coups de téléphone à la chaîne, car très vite, il faut que les sympathisants sortent le carnet de chèques. "La levée de fonds, oui c'est un sujet. On a déjà nommé notre responsable de la conformité en matière de dons, donc ça veut dire qu'on rentre vraiment dans une phase active sur ce sujet-là", explique Romain Staempfli, qui est aussi animateur au comité LREM de Genève. "Dans chaque département, on va avoir un responsable de la conformité pour la campagne. Après, le but du jeu, c'est de savoir combien on va être capables de lever !"
En coulisses, Stanislas Guerini, le délégué général de LREM, explique viser les cinq millions d'euros de dons. Le parti assurera sept millions d'euros en fonds propres, et les dix millions restants seront empruntés.
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