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Reportage
"La force du 'Charles-de-Gaulle', c’est d’abord son équipage" : comment le porte-avions français se prépare à d'éventuelles confrontations
Le porte-avions nucléaire "Charles-de-Gaulle" peut avaler jusqu'à 1 000 kilomètres par jour dans un vacarme assourdissant. Sur son pont, long de 260 mètres et large de 65 mètres, un avion de guet "HawkEye" et une dizaine d'avions de combat Rafale s'apprêtent à s'envoler les uns après les autres.
Le capitaine de Corvette Stéphane nous explique comment fonctionne les catapultes, un dispositif qui sert à donner suffisamment de vitesse à l'avion pour lui permettre de décoller sur une très courte distance : "Sur le train avant, il y a une petite barre qui va venir s’accrocher, comme si vous tiriez une boule de papier avec un élastique. On va faire une admission de vapeur à forte pression dans cette catapulte, ce qui va tirer l’aéronef sur 75 mètres, environ deux secondes. L’aéronef passe alors de 0 à 250 km/h."
Apponter, un exercice des plus périlleux
L'exercice de la catapulte est rodé. Mais la manœuvre la plus délicate reste l'appontage, un atterrissage d'une grande précision, à plus de 200 km/h en pleine mer, avant d'attraper un câble qui freine l'avion brutalement.
"Venir impacter sur une zone de 20 mètres de long et qui contient deux centrales nucléaires, 2 000 personnes, un dépôt de munitions, un dépôt d’essence, c’est explosif."
Le capitaine de corvette Justin, directeur des officiers d'appontageà franceinfo
"Il faut maîtriser l’exercice", confirme le capitaine de corvette Justin, directeur des officiers d'appontage. Les avions de chasse se présentent 15 à 18 secondes les uns après les autres. Un ballet aérien unique. "La force du 'Charles-de-Gaulle', c’est d’abord son équipage, souligne Georges-Antoine Florentin, le commandant porte-avions. C’est grâce à lui que cette grande machine peut fonctionner pour pouvoir, le jour venu, gagner la bataille en mer ou être capable de projeter de la puissance vers la terre".
Une démonstration de force
Le porte-avions "Charles-de-Gaulle" a repris la mer en début d'année, après un arrêt technique de huit mois et mène depuis le 22 avril des opérations en Méditerranée dans le cadre de la mission Akila. Durant deux semaines, il a passé deux semaines sous contrôle opérationnel de l'Otan. Une véritable démonstration de force et des signaux envoyés à la Russie de Vladimir Poutine, comme cette mission menée par deux avions Rafale, partis du "Charles-de-Gaulle" au large de la Grèce pour aller survoler la mer Baltique tout près de l'enclave de Kaliningrad, un petit territoire russe coincé entre la Lituanie et la Pologne. "C’était le 9 mai, un vol de six heures pour partir de la mer ionienne et rejoindre la mer Baltique, raconte le capitaine de Frégate Erwan, l'un des deux pilotes. C’était de l’ordre de mille nautiques parcourus à l’aller et au retour, donc un vol total de près de 4 000 km, pour montrer qu’on était capable de frapper à une heure précise".
Une simulation de frappe coordonnée menée par des rafales qu'il a fallu ravitailler en vol. Une façon de montrer les muscles pour rassurer les partenaires de l'Otan et décourager ceux que le contre-amiral Jacques Mallard appelle les compétiteurs autrement dit les Russes et leurs alliés.
"C’est un comportement dissuasif pour pouvoir convaincre ceux qui pourraient avoir des intentions hostiles à notre égard que ça leur coûterait très cher."
Jacques Mallard, contre-amiralà franceinfo
La mission du "Charles-de-Gaulle" se poursuit avec, dans les prochains jours, l'exercice Mare Aperto, une bataille navale simulée contre plusieurs dizaines de bateaux et avions de la marine italienne.
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