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Reportage
"La situation est vraiment trop grave" : dans la Nièvre, des militants de gauche luttent jusqu'au bout contre l'arrivée au pouvoir du RN
franceinfo a suivi trois militantes du Nouveau Front populaire à Dornes, petit village de la 2e circonscription de la Nièvre, où la candidate de la majorité s'est désistée et a appelé à voter pour le candidat de gauche.
La Nièvre, c'est un symbole : le bastion de François Mitterrand. Pourtant, Christian Paul, le candidat socialiste du Nouveau Front populaire dans la 2e circonscription du département, n'a obtenu que 26% des suffrages au premier tour, loin derrière le candidat de l'extrême droite, qui a récolté près de 45% des voix.
Laurence, 62 ans et adhérente de La France insoumise, s'active et colle des affiches partout où elle le peut. Des affiches sur lesquelles on peut lire ce slogan : "Christian Paul : défendre la Nièvre, aimer la France". "Bah oui, il n'y a pas que le RN qui dit qu'il aime la France", dit Laurence. Le RN, "je ne vois pas comment il l'aime la France", ajoute-t-elle.
"Les gens disent 'On n'a jamais essayé le RN'. Vous avez déjà essayé de boire de l'essence, vous ?"
Laurence, adhérente de La France insoumiseà franceinfo
Si elle tracte aujourd'hui pour un candidat dont les chances de l'emporter semblent faibles, c'est "pour demain", répond-elle. "Qu'est-ce qu'on veut pour demain ? Qu'est-ce qu'on veut voir à la télé ? Dans nos écoles ? Dans notre police ? Au gouvernement ?" Laurence rejette l'idée qu'un raz-de-marée RN va déferler sur la France le 7 juillet. "Pour moi, être de gauche c'est toujours être en lutte."
Forte mobilisation militante
Cette militante n'en est pas à sa première campagne, d'autres, en revanche, découvrent l'engagement politique à l'occasion de ces législatives. Siloé par exemple, elle a 19 ans et est étudiante en sciences politiques. Elle tente de convaincre en distribuant des tracts. "C'est parfois compliqué", concède-t-elle. Siloé vient de rejoindre les jeunes socialistes pour sa première campagne. "La situation est vraiment trop grave, juge-t-elle. Si j'étais restée chez moi les bras croisés pendant trois semaines, je m'en serais voulu toute ma vie."
Selon le candidat Christian Paul, qui a été député pendant 20 ans, la mobilisation militante est exceptionnelle depuis la dissolution. Il assure n'avoir jamais vu ça. Autre exemple : Anne Mercier, 59 ans, n'a jamais été encartée. Cette campagne lui rappelle sa jeunesse quand elle était étudiante à Paris et manifestait contre le Front national.
"J'ai l'impression de retourner à mes 20, 25 ans. Ce n'est pas possible. 40%... J'en ai tremblé toute la nuit. Le Front national c'est pas Amazon prime, on n'essaye pas ça un mois et on se désabonne. Si on les laisse rentrer là-dedans, chez nous, on va vivre la catastrophe."
Anneà franceinfo
"Tout ne peut qu'être mieux que le RN"
Pour éviter justement cette situation, la proposition d'"assemblée plurielle" ou d'un "gouvernement de coalition" les séduit. Les trois sont pour. Leur candidat Christian Paul plaide également pour ce qu'il appelle "un gouvernement de salut public". "Tout ne peut qu'être mieux que le RN", défend Siloé. "Moi j'y crois", abonde Laurence. "C'est la solution. On a vraiment un ennemi commun. Après, il va falloir travailler sur les ego, je pense". L'idée est donc séduisante à leurs yeux, mais à une condition essentielle pour Laurence : "Le programme." Elle imagine par exemple que l'idée du SMIC à 1 600 euros soit reprise.
"Les macronistes ont eu la honte, là. C'est à eux de se remettre en cause, insiste Laurence. Moi, ce que je ne veux pas, c'est qu'il y ait un consensus mou qui accouche d'une souris et où tout le monde veut garder sa petite place bien au chaud. Là, ils nous trouveront sur leur chemin." Laurence, Siloé et Anne n'imaginent pas un instant perdre ces élections. Il leur reste deux jours pour convaincre
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