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Reportage
Lave torrentielle, poches d'eau, décrochages… Au Mont-Blanc, la fonte des glaciers est sous surveillance

La fonte accélérée des glaciers est l’une des préoccupations majeures dans le massif du Mont-Blanc. Ce recul est surveillé de près par des scientifiques notamment pour prévenir les risques.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le glacier des Bossons est situé dans les Alpes, en Haute-Savoie. (ETIENNE MONIN / RADIO FRANCE)

En moyenne, les glaciers des Alpes françaises reculent de 1,50 m par an à cause du réchauffement climatique. Christian Vincent, chercheur à Institut des géosciences de l'environnement (IGE), est l'un des scientifiques français qui connaissent le mieux ces glaciers. Il est en quelque sorte la vigie des glaciers. Il a cofondé un programme de suivi des glaciers, nommé Glacio-Clim, qui mesure régulièrement l’évolution de six glaciers en France et cela depuis des décennies.

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Ce jour-là dans la vallée de Chamonix, il fait plus de 20°C. Le site du glacier des Bossons illustre précisément le risque grandissant en montagne. "On est au pied du glacier et là, il y avait un lac, décrit Christian Vincent. Lorsque le glacier a diminué d'épaisseur et a rétréci en largeur, le lac a pris de l'ampleur et est devenu menaçant pour la population."

De multiples risques

Le lac a été drainé. Le risque était que l’eau se déverse dans la pente, qu’elle emporte la terre et les rochers dans la vallée et crée une "lave torrentielle". Le spécialiste des glaciers Christian Vincent a du élargir son domaine de compétence pour évaluer la dangerosité de ces lacs de fonte : "On s'aperçoit que le nombre de ces lacs au cours des dernières années augmente. Heureusement, tous ces lacs ne sont pas dangereux. Toute la difficulté, c'est de savoir quels lacs sont menaçants pour la population à l'aval." 

Christian Vincent devant le glacier des Bossons (ETIENNE MONIN / RADIO FRANCE)

Les autres risques concernent les poches d’eau à l’intérieur même des glaciers, comme à Tête-Rousse au-dessus de Saint-Gervais. Il y a aussi le décrochage qui est redouté pour le glacier de Taconnaz. Il est plaqué contre la roche sur une forte pente, 40 degrés environ. Il tient grâce aux températures négatives mais cette glace se réchauffe. Et les scientifiques redoutent le moment où elle va passer à 0°C. L’eau va alors circuler en dessous et le glacier risque de glisser. "Dans le futur on sait que ces glaciers risque d’être déstabilisés, et cela risque de provoquer des avalanches de glace gigantesques, explique Christian Vincent. Pour le glacier de Taconnas cela pourrait aller jusqu'en bas de la vallée. On n'en est pas tout à fait encore là, cela va mettre probablement quelques décennies, mais on sait qu’à terme il y a une possibilité de déstabilisation de ce glacier."

La fin des glaciers arrive plus vite que prévu

Ces risques ne sont pas nouveaux mais ils s’intensifient avec l’accélération de la fonte. Si le phénomène de recul n'est pas récent, son accélération est nouvelle. Les glaciers des Alpes françaises perdent de la masse depuis presque deux siècles. Mais on est passé d’un rythme de 40 cm en moyenne par an sur le siècle dernier à 1,50 m sur la dernière décennie. L’accélération date des années 1980.

La majorité des glaciers sont aujourd’hui en sursis. Si la courbe des émissions de gaz à effet de serre se maintient, leur fin est programmée. Elle arrive plus vite que prévu, explique Christian Vincent : "On a calculé  que tous les glaciers de taille moyenne qui culminent en dessous de 3 500 m d'altitude – et qui représentent trois quarts de la surface glaciaire en France – risquent de disparaître avant 2050." 

"On ne s'y attendait pas parce que les précédentes simulations réalisée il y a une quinzaine d'années prédisaient plutôt une disparition de ces glaciers vers 2070."

Christian Vincent,  chercheur à l'IGE

à franceinfo

Le réchauffement dans les Alpes est de 2°C. Le recul des glaciers a encore été renforcé ces deux dernières années. La perte a été de 3,50 m en 2022, une année noire. Elle devrait être de 2,50 m cette année pour les gros glaciers. Ces deux dernières année marquent une rupture.

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