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Reportage
Le combat de Saint-Jeannet, dans les Alpes-Maritimes, contre la dengue et le moustique-tigre
Sur les 65 cas de dengue répertoriés en 2022 en France, 35 l'ont été dans les Alpes-Maritimes : dans les communes de Saint-Jeannet et Gattières, sur les hauteurs de Nice. Parmi ces 35 malades, Thibault a été piqué par un moustique-tigre porteur du virus lors d’une soirée chez des amis, suppose-t-il : "Je n'ai pas senti le moment précis. Et on n'y fait plus vraiment attention, on est habitués maintenant à vivre avec les moustiques l'été. Ce n'est pas agréable, mais on n'a pas le choix."
Après cette soirée, il a souffert de la dengue pendant dix jours : "De la fièvre jusqu'à 39, 40, 41 degrés ; des douleurs derrière les yeux, des maux de crâne, une très grosse fatigue et une impossibilité de manger puisque je ne pouvais rien garder... En sept à dix jours, j'ai perdu sept ou huit kilos. Ce n'est pas une partie de plaisir !" Comme Thibault, 34 autres malades ont été recensés dans le secteur, par chance aucun cas grave. Le Dr Davy Plichon, généraliste à St Jeannet, a soigné plusieurs habitants contaminés, dont aucun ne savait ce qu'était la dengue. Et pour cause : "C'est la première fois qu'on avait ce type de pathologie dans la région."
"Si vous êtes en short et en tee-shirt dans le jardin, vous êtes dévoré. Il faut sortir votre anti-moustique tropical, carrément !"
Une habitante de Saint-Jeannetà franceinfo
L'enquête épidémiologique n’a pas réussi à remonter jusqu’à l’origine de cette épidémie, mais l’été dernier un moustique a certainement piqué une personne contaminée par la dengue et revenue de l’étranger, sans doute asymptomatique ; et les moustiques ont ensuite transmis le virus parmi les habitants. Des habitants qui, depuis cet épisode de dengue, craignent davantage cet insecte.
>>> Comment le moustique-tigre a colonisé l'hexagone ces dix dernières années
L’été dernier, pour stopper les contaminations, l’Agence régionale de Santé a fait du porte-à-porte, demandé aux habitants de vider toutes les eaux stagnantes dans les jardins pour ne pas faire le lit des larves de moustiques. Au petit matin, elle a même mené des opérations de démoustication dans les quartiers où se trouvaient des malades. "Les gens de l'ARS sont venus nous demander l'autorisation de pulvériser tôt le matin. Quand on a entendu parler des cas de dengue, on s'est dit qu'on allait accepter la pulvérisation !", raconte l’une des habitantes, Nathalie.
Des mesures de prévention reconduites pour cet été
La maire de Saint-Jeannet, Julie Charles, explique qu'elle voulait communiquer "pour mettre en place de la prévention, de la pédagogie, et surtout éviter l'affolement. Parce qu'on ne connaît pas la dengue, sur notre territoire !" Cet été encore, la prévention contre les moustiques-tigres va être de mise à Saint-Jeannet, pour éviter toute nouvelle arrivée de la dengue, du chikungunya ou zika. "C'est loin d'être pris à la légère, poursuit Julie Charles.
"Il va falloir apprendre à vivre avec, et à conserver ou à apprendre les bons réflexes pour éviter la prolifération des moustiques."
Julie Charles, maire de Saint-Jeannetà franceinfo
Saint-Jeannet était à jusque-là célèbre grâce au tournage d’un film d’Alfred Hitchcock avec Grace Kelly (La main au collet, en 1954). Désormais, c’est à cause de la première épidémie de dengue de France métropolitaine. "Ça a marqué les esprits, l'été dernier. J'aurais préféré que la commune ne soit pas sous les spotlights pour cette raison !" Mais la maire prévient avec humour que vu le réchauffement climatique, la commune de Saint-Jeannet ne devrait pas garder bien longtemps le monopole de la dengue en métropole...
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