À Gaza, des dizaines d'enfants sont blessées chaque jour alors qu'en Birmanie, ils sont de plus en plus à entrer dans l'armée

Dans les conflits armés, les enfants sont souvent visés, comme à Gaza, mais parfois, ils prennent aussi part aux combats, comme en Birmanie, où les groupes armés ont besoin de plus en plus de combattants.
Article rédigé par Jérémie Lanche - Carol Isoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des enfants dans la bande de Gaza, essayant de retrouver un semblant de vie normale. (IMAGO/OMAR ASHTAWY \ APAIMAGES / MAXPPP)

Avec plus de 37 000 morts dont 40% d'enfants, la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas restera dans l'histoire récente comme l'un des conflits, le plus mortel pour les enfants. L'UNICEF expliquait, en novembre 2023, que l'enclave était l'endroit le plus dangereux au monde pour un enfant. En Birmanie, plusieurs rapports alertent sur la présence de plus en plus importante de mineurs au sein des groupes combattants, tant au sein de l'armée birmane au service du gouvernement, que chez ses opposants, les armées éthiques.

Près de 21 000 enfants portés disparus à Gaza

Selon le dernier pointage de l'ONG Save the Children près de 21 000 enfants sont portés disparus dans la bande de Gaza. Ils sont, soit ensevelis sous les décombres ou enterrés dans des tombes anonymes, soit prisonniers ou ils ont perdu le contact avec leur famille.

Au printemps 2024, l'ONU expliquait déjà que plus d'enfants avaient été tués à Gaza, depuis octobre 2023 qu'en quatre ans de conflits à travers le monde. Si Gaza est un cimetière à ciel ouvert, c'est d'abord un cimetière pour enfants.

Depuis quelques mois, plusieurs images d'enfants blessés, tués ou estropiés ont été vues. Cette horreur marque profondément les humanitaires, même ceux qui sont habitués aux zones de guerre. Il n'y a jamais eu autant de membres des Nations unies qui se sont adressés à la presse avec la gorge nouée, parfois au bord des larmes. Le porte-parole de l'Unicef expliquait, il y a quelques mois, comment les enfants mourraient de déshydratation dans l'enclave. Avant lui, c'était la porte-parole des droits de l'homme qui parlait avec difficulté de ces parents qui, désormais, marquent le nom de leur enfant avec un stylo sur leurs corps pour pouvoir l'identifier, s'il devait être tué.

Le 25 juin, Philippe Lazzarini, le patron de l'UNRWA, l'agence pour les réfugiés palestiniens, a donné un nouveau chiffre glaçant sur les amputations des enfants. "Pour les enfants qui perdent une ou deux jambes, on est à 10 par jour. Ça signifie, environ 2 000 enfants amputés, après plus de 260 jours de cette guerre et ça ne tient pas compte des enfants qui ont perdu une main ou un bras."

Il y a donc des milliers de petits amputés, qui devraient en théorie changer leurs prothèses régulièrement, être opérés plusieurs fois pendant leur croissance et avoir un suivi médical et psychologique. Rien de tout ça n'est possible aujourd'hui à Gaza. Les humanitaires ont l'habitude de parler de génération perdue dans les grandes catastrophes et le terme n'a jamais été aussi approprié qu'à Gaza.

En Birmanie, les enfants sont enrôlés dans les armées

Depuis plusieurs décennies, la Birmanie est classée comme l'un des pays au monde avec le plus fort taux d'enfants soldats. Un rapport des Nations Unies, datant de 2002, la plaçait même tout en haut du classement avec 20% des effectifs de l'armée birmane, la Tatmadaw, représentés par des mineurs.

Les enfants sont recrutés, parfois par la ruse ou la force, mais aussi sur la base du volontariat. Ils suivent une formation initiale de quatre mois au cours de laquelle ils doivent souvent assister à des actes de cruauté envers les populations civiles, selon plusieurs témoignages d'anciennes recrues. La pratique est aussi bien présente chez les armées éthiques, où plusieurs d'entre elles pratiquent d'ailleurs des quotas d'enrôlement obligatoire, avec un fils par famille devant servir dans l'armée locale.

Les garçons à partir de 13 ans sont susceptibles d'être recrutés pour les combats, mais aussi beaucoup pour des tâches subalternes, comme le port d'eau et de provisions, pour les bataillons d'infanterie, qui effectuent de longues marches en jungle. Ils sont parfois amenés à passer en premier pour détecter d'éventuelles mines antipersonnel, en espérant ne pas les détonner grâce à leur faible poids. Le 5 octobre 2020, deux adolescents ont été tués par des mines sous les ordres de la Tatmadaw pendant des opérations entre soldats birmans et l'armée de l'Arakan, dans le nord-ouest du pays.

Le pays est aujourd'hui plongé dans une situation de quasi-guerre civile, notamment aux frontières avec l'Inde, la Chine et la Thaïlande. Après une brève amélioration sous le gouvernement d'Aung San Suu Kyi à partir de 2011, depuis le coup d'État du 1er février 2021, la situation est à nouveau catastrophique pour les mineurs.

L'armée birmane manque de personnel et souffre de désertions massives, puisque c'est l'un des axes importants de la stratégie militaire de ses adversaires. Surtout, la majorité des établissements scolaires sont fermés depuis 2021, donc les jeunes n'ont aucune perspective d'avenir et beaucoup de temps libre, ce qui les pousse à s'engager. Ils ont également le sentiment qu'un renversement de la situation est possible et que tous les efforts et sacrifices sont justifiés. Il s'agit d'un facteur supplémentaire pour ces adolescents qui veulent servir à la libération de leur pays du joug de l'armée birmane, une bonne fois pour toutes.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.