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À l’heure de la COP26, l’Inde et le Brésil ne présentent aucun engagement en faveur de la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre

Les inquiétudes autour des positions indienne et brésilienne à l’heure de la COP26 sont nombreuses. Ces deux grandes nations émettrices de gaz à effet de serre n’ont avancé aucun engagement en faveur de la réduction de leurs émissions.

Article rédigé par franceinfo - Sébastien Farcis et Anne Vigna
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Critiqué pour ses politiques environnementales, le président brésilien Jair Bolsonaro ne participe pas aux négociations sur le climat à Glasgow, mais se rend ici le 1er novembre à Anguillara Veneta, une ville italienne qui lui a accordé la citoyenneté d'honneur. (PIERO CRUCIATTI / AFP)

La COP26 s’est ouverte dimanche 31 octobre à Glasgow  et l’Inde et le Brésil font d’ores et déjà figures de mauvais élèves. L’Inde n’a ainsi pas présenté de nouveaux engagements pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, tandis que le Brésil, lui, arrive avec un programme quasiment vide, déjà dénoncé comme un plan de greenwashing.

L’Inde n’a pas présenté de nouveaux engagements

L’Inde est le troisième pays émetteur de gaz à effet de serre en termes absolus et à la différence de la plupart des grandes autres nations, le pays n’a pas présenté de nouveaux engagements de réduction de ses émissions, ce qui inquiète. Il y a d’abord, chez les officiels indiens, une sorte de satisfaction : sur les trois engagements faits à Paris en 2015, New Delhi assure être sur la voie de remplir deux d’entre eux bien avant la date prévue de 2030 : la réduction de l’intensité carbone de son économie et surtout l’utilisation de 40% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique.

L’Inde joue beaucoup sur ce dernier point : les capacités de production en énergie solaire ont été multipliées par six en cinq ans, et le pays, qui est à la tête de l’alliance solaire internationale, devrait annoncer demain le lancement d’un grand réseau solaire mondial pour aider les autres pays à suivre cette voie. Satisfaction personnelle, donc, mais aussi déception. En effet, les promesses de 2015, faites par les économies les plus riches envers les pays développés n’ont pas été tenues : 100 milliards de dollars devaient être versés chaque année à un fond vert pour le climat pour aider les pays comme l’Inde à décarboner rapidement leur économie. Or en six ans, seulement dix milliards ont été versés. Il n’y a aussi presque pas eu de transferts de technologie, ce qui rend ces changements encore plus chers et difficiles à réaliser. Or, l’Inde, dont au moins un quart de la population vit dans la pauvreté, ne peut pas se permettre de freiner son développement ni de dépenser des milliards dans l’achat de nouvelles technologies.

Enfin, l’Inde insiste sur le fait qu’elle n’est responsable que de 4% des émissions passées, celles qui causent aujourd’hui cette catastrophe climatique, et que même aujourd’hui, un Indien émet encore très peu : trois fois moins de carbone que la moyenne mondiale et dix fois moins qu’un Américain. L’Inde avance donc à pas mesurés, mais New Delhi pourrait faire de nouveaux engagements climatiques de dernière minute. Les premières surprises pourraient venir lors de l’allocution du Premier ministre Narendra Modi, à Glasgow.

Le Brésil arrive avec un coquille vide

Selon la presse brésilienne, le Brésil envoie la seconde plus importante délégation après les États-Unis pour cette COP26 avec trois ministres et douze gouverneurs. Mais le président brésilien ne devrait pas être présent et la délégation n’apporte pas vraiment de projets ambitieux. À la veille de la COP, Jair Bolsonaro a présenté un "programme national pour une croissance verte", un nom qui en réalité est une coquille vide, ont dénoncé les ONG. Le Brésil a tout un projet de greenwashing pour cette COP26, c’est-à-dire l’objectif de se verdir au dernier moment. Car le programme est vide, il ne dit pas comment il compte réduire la déforestation, ou créer des emplois verts. Les responsables vont peut-être le détailler pendant la conférence mais au Brésil, on l’a qualifié de plan vert, dans le sens de "pas encore mûr". Surtout, le Brésil arrive avec un passif écologique désastreux et que le monde connaît : À savoir 47% d’augmentation de la déforestation en Amazonie depuis le début de la présidence Bolsonaro, mais aussi "une guerre" avec les ONG écologistes et les scientifiques, ou encore la destruction des politiques de contrôle qui fonctionnaient bien. À la dernière COP, le Brésil avait fait capoté des négociations entre pays de la région amazonienne, donc ici les spécialistes ne s’attendent à aucun changement mais espèrent simplement que cette fois, le Brésil n’aura pas un rôle actif contre les négociations.

Soulignons tout de même une délégation indigène très importante, venue sans le gouvernement, qui compte bien mettre en avant la conservation de la forêt réalisée en territoire indigène. Le Congrès brésilien, lui, face à l’inaction du gouvernement, cherche à faire passer des mesures. Enfin l’opinion publique brésilienne n’a jamais autant été à faveur de l’action pour une préservation de la forêt amazonienne ce qui appuie le projet d’une déforestation zéro portée par les ONG, puisque ce que le Brésil peut faire de plus économique et efficace pour le climat est d’arrêter la déforestation.

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