BRICS : plus d'un an après le début de la guerre en Ukraine, quels liens entretiennent l'Afrique du Sud et le Brésil avec la Russie
Cette année devrait marquer le retour d'une relation décomplexée entre l'Afrique du Sud et la Russie. Pretoria refuse de condamner l'invasion russe de l'Ukraine et continue à maintenir de bonnes relations avec Moscou. Vladimir Poutine pourrait d'ailleurs être présent, en Afrique du Sud au mois d' août pour le sommet des BRICS (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud). Une invitation qui fait polémique depuis que le chef du Kremlin est visé par un mandat d'arrêt international. Dans le même temps, si le Brésil a jusqu'ici adopté une position de neutralité dans le conflit qui oppose la Russie à l'Ukraine, l'élection de Lula semble changer quelque peu la donne.
Des échanges politiques intenses entre la Russie et l'Afrique du Sud
Les observateurs se creusent la tête dans le pays pour savoir si Vladimir Poutine osera venir à Pretoria au mois d'août pour le sommet des BRICS et si le gouvernement sud-africain ignorera la Cour pénale internationale en recevant un homme soupçonné de crime de guerre. L'Afrique du Sud qui se dit neutre dans le conflit ukrainien, verserait indéniablement dans le camp pro-russe.
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Pour le journaliste sud-africain Peter Fabricius, spécialiste des relations internationales, les pays occidentaux pourraient voir rouge : "On observe une lente dégradation des relations avec l'Union européenne. Elles ne sont pas exécrables, mais il semble que les États-Unis et l'Union européenne soient de moins en moins tolérants. Accueillir Vladimir Poutine en Afrique du Sud serait à coup sûr très mal perçu par eux."
Le sommet des BRICS en août risque d'être un événement très anti-occidental, s'inquiète l'hebdomadaire The Sunday Times. Dans son édito de la semaine dernière, le journal disait craindre que le sommet des BRICS se transforme en grand-messe anti-occidentale, quand bien même l'Union européenne et les États-Unis sont des partenaires commerciaux de premier plan. L'Afrique du Sud rêve d'un groupe des BRICS fort, qui ferait contrepoids à la domination américaine et notamment à sa monnaie, le dollar. La création d'une monnaie commune aux BRICS doit d'ailleurs être discutée en août.
We might be heading towards a replay of Pretoria's failure to arrest Sudanese dictator Omar al-Bashir, writes @msmkokeli https://t.co/waddWVkSNW
— Sunday Times (@SundayTimesZA) March 26, 2023
Si Vladimir Poutine ne vient pas en Afrique du Sud, c'est le gouvernement sud-africain qui ira à lui. Les échanges politiques sont intenses entre les deux pays. Fin mars, un groupe de députés de l'ANC, le parti au pouvoir, était d'ailleurs à Moscou. "Nous continuerons à soutenir le peuple russe", a même déclaré la présidente de l'Assemblée nationale. Avant les BRICS, il y aura le sommet Russie-Afrique à Saint Pétersbourg, en juillet. Encore une occasion de montrer au reste du monde, que pour l'Afrique du Sud, la Russie est un puissant allié et non un pestiféré.
Lula défend la création d’un "club de la paix", hors occident
Depuis le début du conflit, le Brésil ne fait pas partie des pays qui appliquent des sanctions contre Vladimir Poutine. La Russie est un grand partenaire commercial du Brésil, fournissant notamment des engrais pour l’agronégoce brésilien, et les relations commerciales entre les deux pays ont pu être maintenues malgré la guerre. Mais depuis son arrivée au pouvoir en début d’année, le président Lula s’est déclaré contre le conflit, et a été jusqu’à affirmer que la Russie avait commis une "erreur historique" en envahissant l’Ukraine. Au mois de janvier, Lula a toutefois posé son veto à la demande allemande d’envoyer des armes en Ukraine.
Même si le président brésilien n’a pas participé au "Sommet pour la démocratie", organisé par Joe Biden, Lula se rêve en médiateur des négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie. Il défend la création d’un "club de la paix", hors occident, incluant des pays comme la Chine, l’Inde et l’Indonésie. Un moyen pour le Brésil de se réinsérer sur la scène politique internationale, après l’isolement durant le gouvernement Bolsonaro.
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Lula fera son premier voyage officiel en Chine ce mois-ci, et les deux dirigeants devraient aborder le thème de la guerre en Ukraine. C’est un voyage important pour les relations commerciales entre les deux pays, mais aussi pour la diplomatie brésilienne, qui souhaite une renaissance des BRICS. L’ancienne présidente Dilma Roussef a d’ailleurs assumé la présidence de la banque des BRICS au mois de mars.
Le président brésilien se retrouve dans une position délicate pour conserver la neutralité dans la guerre en Ukraine. Car même si la Chine ne fournit pas d’armes à la Russie, les deux dirigeants sont proches. Xi Jinping, en visite à Moscou il y a deux semaines, s’est de nouveau positionné comme médiateur du conflit. Mais dirigées par Pékin, ces négociations de paix pourraient favoriser la Russie et menacer la neutralité brésilienne. Au mois de février, lors de l’Assemblée générale de l’ONU, le Brésil avait été le seul pays des BRICS à voter pour le retrait des troupes russes en Ukraine. Dans le potentiel "club de la paix" souhaité par Lula cohabitent donc différentes visions de cette résolution du conflit.
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