CAN 2024 : une troisième étoile pour la Côte d'Ivoire ou une quatrième pour le Nigeria ?
Dimanche 11 février, la Côte d'Ivoire va tenter de remporter sa troisième Coupe d'Afrique des Nations (CAN). En tant que nation organisatrice, les Ivoiriens joueront à domicile et à Abidjan, la capitale, c'est l'effervescence. Mais en face se dresse une équipe déjà triple championne d'Afrique et médaillée d'or de football lors des Jeux olympiques en 1996 : le Nigeria. Une grande nation de football qui a compté de grands joueurs comme Jay Jay Okocha passé au PSG, ou encore Taribo West, un ancien défenseur d'Auxerre.
Côte d'Ivoire : les Éléphants, les Ressuscités, les Revenants
Les quotidiens ivoiriens, pourtant très politiques, ont tous titré sur la victoire, jeudi, contre les Léopards de la RDC. "C'est fort, c'est vraiment fort, très très fort", titrait ainsi avec humour L'Intelligent d'Abidjan. En attendant la finale de la CAN, ce dimanche 11 février, tout le monde se remet à y croire, avec la formule de Franck Kessié en étendard : "Un revenant ne peut pas avoir peur". Le milieu de terrain ivoirien faisait cette déclaration à l'issue du huitième de finale, remporté aux tirs au but contre le Sénégal, champion d'Afrique en titre. Le chemin a été long avant de retrouver cette confiance.
"On vaut rien, mais on est qualifiés", ces paroles d'un titre du chanteur Fior de Bior, reprises à l'unisson par les supporters jusqu'à la demi-finale, soulignent le niveau de jeu assez pauvre des Éléphants. Même les joueurs ivoiriens, adeptes d'une subtile autodérision, ont entonné ce chant hors du commun, dans le bus les ramenant du stade de Bouaké à leur hôtel.
Les Ivoiriens ont frôlé l'élimination, sauvés in extremis par une victoire du Maroc lors de la dernière journée, leur permettant d'être derniers des meilleurs troisièmes. Depuis, nombre de supporters ivoiriens agitent deux drapeaux : l'orange-blanc-vert de la Côte d'Ivoire et le rouge du Maroc. Et même si le Nigéria a battu la Côte d'Ivoire en phase de poules, les Éléphants, les Ressuscités ou encore les Revenants n'ont plus peur de rien et sont prêts à réaliser le casse du siècle, après avoir frôlé l'élimination.
Des soupçons de corruption sur les membres de l'oganisation
Cette Coupe d'Afrique des nations avait été présentée par les organisateurs comme la CAN du siècle, mais ils sont aujourd'hui sûrement eux-mêmes surpris que leur marketing se soit si bien concrétisé. C'est quasiment un sans-faute cette année, qui est la plus prolifique en buts avec 113 réalisations, un football de grande qualité et des spectateurs au rendez-vous. Selon une source ministérielle, 200 000 personnes seraient venues par voie aérienne et un peu plus de 1,3 million par voie terrestre. Des visiteurs qui auraient rapporté plus de 1,2 milliard de dollars au pays. Des chiffres toutefois difficilement vérifiables, qui coïncident avec les estimations données au début de la CAN.
Le point noir restera la billetterie et les soupçons de corruption qui planent sur des membres de l'organisation, tant il était difficile de se procurer des billets malgré une forte demande et alors que pendant certaines rencontres, des sièges restaient étonnements vides. C'était le cas lors du match d'ouverture, notamment, où 36 000 personnes avaient pris place dans un stade qui peut en accueillir 60 000. Autre bémol : autour de ce stade Olympique d'Ebimpé, pour des raisons de sécurité, les autorités avaient décidé de fermer le parking et de boucler la zone sur près de deux kilomètres à la ronde. Des petits ratés que la Côte d'Ivoire pourra améliorer. Le pays espère devenir une destination privilégiée dans le tourisme de grands événements, de salons, de foires-expositions ou d'affaires.
Nigeria : Les Super Eagles, patrimoine national
Le Nigeria a des chances solides de soulever, dimanche soir, la Coupe d'Afrique des Nations. Le pays en est à sa huitième finale en 20 participations. C'est une valeur sûre du football africain, et pour les 220 millions de Nigérians, imaginer la défaite contre la Côte d'Ivoire, sur son terrain à Abidjan, n'est pas du tout envisageable. "C'est dans notre sang, c'est normal pour nous de nous battre pour gagner", déclare Mudasser, un supporter inconditionnel des Super Eagles.
L'équipe des Super Eagles est un véritable patrimoine national, il est le trait d'union d'une nation souvent traversée par des conflits communautaires, religieux et des problèmes de sécurité. À chaque crise, le monde entier pense que le Nigeria va vaciller et pourtant, il fait face puis se relève. Animés par cet état d'esprit, les Super Eagles sont considérés comme les ambassadeurs du Nigeria, au même titre que Burna Boy ou Davido, les stars de la musique Afrobeat ou encore l'écrivaine féministe Chimamanda Ngozi Adichie.
Victor Osimhen, meilleur joueur africain en 2023
Pour cette finale de la CAN entre le Nigeria et la Côte d'ivoire, l'espoir de tout un peuple repose sur les crampons d'un athlète à la chevelure blonde peroxydé, Victor Osimhen. À 25 ans, il est le principal atout du Nigeria. Il a été récompensé Ballon d'or africain en décembre dernier. Enfant, il vendait des sachets d'eau dans les rues de Lagos. Malgré des vents contraires, le petit Victor s'accroche. Il est formé dans une académie de football, l'équivalent africain des centres de formation européens, et part pour l'Europe. Il joue en 2017 en Allemagne, fait un court séjour en Belgique, puis c'est en France, à Lille, qu'il explose sur les terrains de la Ligue 1. Ensuite, Naples achète son contrat pour 70 et 80 millions d'euros. Depuis, le numéro 9 nigérian fait le bonheur de la ville qui a fait roi un certain Diego Maradona. Tout le Nigeria compte donc sur Victor Osimhen pour ramener la Coupe d'Afrique à la maison.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.