Coronavirus : l'Australie et l'Allemagne confrontées aux complotistes malgré leur bonne gestion de la pandémie
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir tout ce qui se fait ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Australie et l'Allemagne, pas épargnées par les théories du complot sur le coronavirus.
Comme en France, les théories du complot autour du coronavirus sont présentes dans de nombreux pays, y compris ceux qui ont su freiner rapidement la pandémie. Franceinfo vous conduit aujourd'hui en Australie, puis en Allemagne.
En Australie, très peu de cas de Covid, mais des thèses conspirationnistes
Face à la pandémie de coronavirus, l’Australie reste très peu affectée, grâce à des mesures très strictes prises à travers tout le pays. Par exemple le confinement à Melbourne, prolongé jusqu'à fin septembre. Mais ces restrictions, parmi les plus sévères au monde, constituent un terreau fertile pour les thèses conspirationnistes. Samedi 5 septembre, des manifestations ont eu lieu dans toutes les villes du pays dans le cadre de ce que leurs participants ont appelé le "Jour de la Liberté".
Des centaines de personnes se sont notamment rassemblées à Sydney. Parmi ces manifestants, Lianne qui doute de l'existence même du Covid-19. "Nous n'avons aucune preuve, assure-t-elle. On se fait complètement balader. Il faut faire ses propres recherches et arrêter de croire aux fake news des médias." Pour Steve, un autre manifestant, le gouvernement australien profite de la pandémie pour faire avancer un agenda secret. "Je pense qu’ils se servent du virus comme prétexte pour introduire plein d’autres mesures, explique-t-il. Comme par exemple les vaccins, ou nous retirer notre liberté d’expression ou de manifester."
Ces théories conspirationnistes ont vraiment pris de l’ampleur avec le coronavirus. Surtout à cause des mesures prises pour empêcher sa propagation, dont le confinement. "Le Covid n’a pas eu un impact très lourd en Australie. La plupart des gens ne connaissent personne qui l’a attrapé ou qui en est mort, du coup ils se posent des questions", analyse Kaz Ross, professeur à l'université de Tasmanie, spécialiste de l'extrémisme en ligne.
En Allemagne, les anti-masques en nombre dans la rue
Fin août, entre 30 000 et 40 000 manifestants ont défilé contre les restrictions mises en places pour freiner le Covid-19. Dans la foule, on trouve pêle-mêle des anti-vaccins, des militants d’extrême gauche et d’extrême droite, des libéraux qui veulent à la fois défendre les libertés individuelles et la liberté économique… mais aussi des conspirationnistes. "Depuis des mois, nous n’avons pratiquement plus de malades, plus de cas graves hospitalisés. Et en parallèle, nous avons bien plus de tests. Donc c’est évident que ces mesures sont disproportionnées", assure l'un des manifestants. En réalité le coronavirus montre en Allemagne des signes de reprise, ce qui a poussé le gouvernement fédéral à choisir la prudence : plus d’un million de personnes sont testées par semaine dans le pays, 10 fois plus qu’au début de l’épidémie.
Le mouvement des anti-masques, et plus largement de ceux qui sont opposés aux restrictions sanitaires, s'est radicalisé, il n'a plus le même visage qu'au printemps après avoir été récupéré pendant l'été par l’extrême droite. Par des nationalistes, par des néo-nazis ou encore des pro-Trump et des pro-Poutine et parfois tous ces profils à la fois. Ce sont eux qui ont appelé à la manifestation du samedi 1er août et à celle du samedi 29 août. Une autre est en préparation, pour le samedi 3 octobre, le jour de la fête nationale.
Pour les leaders de ce mouvement, ce que vit l’Allemagne d’Angela Merkel aujourd’hui est une dictature, et ces mesures de distanciation et d’hygiène en sont la marque. Ces anti-masques beaucoup plus radicalisés ont même tenté d’envahir, et l’image a choqué, les marches du Reichstag, le Parlement allemand. C’était sans doute le geste de trop, le 29 août, qui les a coupés aussi, selon des récents sondages, d’une partie de l’opinion publique. Les anti-masques ont peut-être abîmé leur image. Mais entre eux, en leur sein, ils estiment avoir remporté une sorte de victoire et restent donc plus que jamais mobilisés.
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