Covid-19 : les stratégies très différentes du Royaume-Uni et de l'Allemagne concernant la fin des aides aux entreprises
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction le Royaume-Uni et l'Allemagne. Le premier pays opte pour l'arrêt du chômage partiel alors que le second prolonge les aides pour les entreprises.
En France, le gouvernement acte la fin des aides automatiques aux entreprises. Celles mises en place pour les accompagner pendant la crise sanitaire. À partir du vendredi 1er octobre, le fonds de solidarité est remplacé par le dispositif de prise en charge des coûts fixes. Il s’agira désormais de sur-mesure. Ailleurs en Europe, certains pays mettent fin à ces aides, d’autres en revanche les prolongent. Illustration au Royaume-Uni et en Allemagne.
Au Royaume-Uni, crainte d’une explosion de licenciements
Le dispositif de chômage partiel prend fin à partir de jeudi 30 septembre. Au début du mois d’août, plus d’un million et demi de personnes en bénéficiaient encore. Pour certains secteurs comme l’aéronautique, où la situation n’est pas encore revenue à la normale, il sera difficile de conserver tous les emplois sans l’aide du gouvernement. Le taux de chômage, actuellement de 4,6%, risque donc grimper. La situation inquiète d'autant plus que la fin de ce dispositif intervient en même temps qu'une hausse des prix de l'énergie de 12% vendredi et qu' une baisse des minimas sociaux, la semaine prochaine.
Mais aucune autre issue n'est envisageable pour le gouvernement qui rappelle que cette mesure a été créée pour répondre à l'urgence du Covid-19 . "C'est une étape très importante dans notre sortie de crise, estime Simon Clarke, secrétaire en chef du Trésor britannique. Le chômage partiel a été un immense succès et nous a permis d'éviter que cette situation terrible ne coûte des millions d'emplois, souligne -t-il. C'est un grand jour, mais aussi le moment pour nous de revenir à la normale sur le plan économique, de retrouver un marché du travail plus flexible, et aussi soulager les contribuables du poids énorme de cette pandémie."
Dans le même temps, le pays enregistre un nombre record d'emplois vacants et fait face à une pénurie de main-d'œuvre, notamment dans l'agroalimentaire et les transports. Cent-mille conducteurs de poids lourds sont recherchés pour approvisionner les rayons des supermarchés et des stations-service. Un manque de bras qui s'explique en partie par le Brexit et les nouvelles règlementations sur les visas pour les travailleurs étrangers.
Le gouvernement britannique ne se désengage toutefois pas complètement. Les aides sont maintenues pour certains secteurs. 10 millions de livres, soit plus de 11 millions d'euros ont été annoncés pour accélérer la formation des chauffeurs routiers. 800 millions de livres, soit près de 930 millions d'euros, seront également déboursés pour l'événementiel afin de couvrir les pertes liées aux annulations.
En Allemagne, les aides aux entreprises prolongées
Le dispositif devait initialement s'arrêter fin juin, puis fin septembre. Mais dans le courant du mois d'août, le gouvernement allemand s'est aperçu que la reprise et les réouvertures n'ont pas pu se faire pour tout le monde. Le 8 septembre, il a donc été confirmé que les dispositifs pour les entreprises et les travailleurs indépendants seraient maintenues jusqu'au 31 décembre prochain.
"Peut-être faudra-t-il encore, en début d'année prochaine, aider quelques entreprises ici ou là et on le fera", promet-on du côté du ministère de l'Économie. Depuis le début de cette pandémie, le gouvernement n'a pas regardé à la dépense. Il a financé jusqu'au bout ce "quoiqu'il en coûte" surnommé "bazooka" par les ministres de l'Économie et des Finances, Peter Altmaier et Olaf Scholz. Comme lors de la précédente prologation (en juillet, août et septembre), tous ceux dont le chiffre d'affaires a chuté d'au moins 30% peuvent y prétendre. Les travailleurs indépendants, eux, peuvent espérer toucher jusqu'à 4 500 euros s'ils sont toujours en difficulté.
Seul un dispositif disparaît aujourd'hui : la prime de redémarrage, créée cet été pour le mois de juillet et d'août qui s'ajoutait à la compensation de la baisse de chiffre d'affaires. Cette prime a rempli son objectif selon le gouvernement et a aidé à la réouverture des établissements comme les entreprises de la gastronomie ou de la culture.
Ce prolongement du dispositif s'explique notamment par le fait que l'économie allemande peine à repartir. Malgré un plan de relance conséquent (130 milliards d'euros), l'Allemagne a souffert du Covid-19 plus longtemps que prévu. Au premier semestre 2021, les industries ont subi des défauts d'approvisionnements. Certaines usines se sont mises à l'arrêt dans l'industrie automobile par manque de semi-conducteurs.
Les économistes ont donc revu leurs prévisions à la baisse. L’OCDE et plusieurs instituts économiques allemands tablent sur le retour de la croissance entre 2,1 et 2,9% pour cette année 2021. Des taux inférieurs à d’autres voisins européens, mais plus hauts qu’en 2018 et en 2019, avant la pandémie pour l’Allemagne. La reprise la plus forte est espérée pour 2022 avec des prévisions autour de 5%. Un taux similaire à celui attendu partout en Europe.
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