Covid-19 : la fin du "quoi qu'il en coûte" en six chiffres clés
Bruno Le Maire a sifflé la fin des aides généralisées aux entreprises affectées par les mesures de lutte contre l'épidémie de Covid-19. L'Etat promet toutefois de continuer "à soutenir ceux qui en ont besoin" dans les mois à venir.
RECTIFICATIF. Une version initiale de cet article évoquait par erreur 25,4 millions de salariés placés en activité partielle depuis le début de la crise sanitaire. Ce chiffre correspondait en réalité à la somme du nombre mensuel de salariés en activité partielle depuis mars 2020. Sur un mois donné, ils n'ont jamais été plus de 8,4 millions, en avril 2020. Nous présentons nos excuses à nos lecteurs.
Le "quoi qu'il en coûte" cède sa place au "sur-mesure". Devant les patrons, lors de la Rencontre des entrepreneurs de France organisée par le Medef, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie et des Finances, avait annoncé la fin des aides généralisées aux entreprises. Ces mesures, mises en place pour soutenir l'ensemble des secteurs économiques touchés par la crise sanitaire du Covid-19, laissent place au "sur-mesure pour aider réellement chaque entreprise en difficulté", a-t-il assuré lundi 30 août sur France Inter. Retour en chiffres sur ces aides qui, selon le ministre de l'Economie, ont "permis de sauver nos emplois, nos entreprises et de sauver l'économie française".
Une enveloppe totale de 240 milliards d'euros
C'est, selon Bruno Le Maire, le montant cumulé des mesures de soutien destinées à aider les entreprises à surmonter la crise du Covid-19 depuis mars 2020 : 240 milliards d'euros. Un tiers sous forme de subventions et deux tiers sous forme de prêts, a résumé le ministre de l'Economie sur France Inter lundi. L'argent distribué "aux entreprises ou aux salariés pour protéger le pouvoir d'achat, c'est 80 milliards d'euros", selon le ministre. Dans le détail, environ 35 milliards ont été injectés dans le fonds de solidarité, à peu près autant dans le dispositif d'activité partielle, le reste a pris la forme d'exonérations ou de réductions de cotisations sociales pour les PME et les indépendants. "A cela, s'ajoutent des prêts, de l'ordre de 160 milliards d'euros, [englobant] les prêts garantis par l'Etat (PGE), plus d'autres formes de prêts", a complété Bruno Le Maire.
140 milliards d'euros de prêts garantis par l'Etat
Depuis le début de la crise sanitaire, plus de 685 000 prêts garantis par l'Etat ont été accordés, pour un montant de 139,3 milliards d'euros, selon le ministère de l'Economie.
Pour protéger les entreprises, les modalités de ces PGE, qui prévoyaient un début de remboursement au bout de douze mois, ont fait l'objet de discussions. Les banques ont été priées de différer d'un an les premières échéances. Il est désormais possible de les étaler sur deux à cinq ans, avec un taux d'intérêt allant jusqu'à 2,5%, détaille Le Journal du dimanche. Ce délai maximum de cinq ans pourrait être revu.
35 milliards pour le fonds de solidarité
Parmi les aides versées sous forme de subventions, le fonds de solidarité est celui qui a le plus pesé sur les comptes publics. Bruno Le Maire a rappelé qu'il avait coûté environ 35 milliards d’euros. La fin de ce fonds de solidarité était prévue le 31 août, mais Bruno Le Maire a annoncé sa prolongation jusqu'au 30 septembre, date à laquelle il sera supprimé définitivement, sauf pour les outre-mers. Un dispositif dit des "coûts fixes" prendra le relais au 1er octobre et sera étendu à toutes les entreprises, alors qu'il était limité à celles réalisant plus d'un million d'euros de chiffre d'affaires et à certains secteurs.
Jusqu'à 8,4 millions de salariés en activité partielle
Depuis le début de l'épidémie en mars 2020, le nombre de salariés en activité partielle (y compris de courte durée) a explosé, occasionnant une facture d'environ 35 milliards d'euros. Au plus fort de la crise, en avril 2020, 8,4 millions de salariés ont été concernés, selon les chiffres de la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares).
Pour Bruno Le Maire, ce dispositif était "un bon investissement", "qui nous a évité un chômage de masse". Depuis le début de l'année 2021, une deuxième version, baptisée "activité partielle de longue durée", permet de continuer à prendre en charge les salaires des employés toujours touchés par la crise.
Désormais, le nombre de salariés concernés ne cesse de baisser : 3 millions en avril 2021, 2,3 millions en mai, 1,4 million en juin et environ 600 000 en juillet. Depuis le 1er juillet, le montant des indemnités a aussi baissé, les bénéficiaires ne percevant plus que 72% de leur rémunération nette, dont 60% payés par l'Etat. Pour les entreprises, le "reste à charge" va augmenter, passant de 25% en juillet à 40% en septembre.
28 000 défaillances d'entreprises sur un an
Grâce à l'arsenal de mesures mis en place, le "mur de faillites" redouté ne s'est pas produit. C'est même l'inverse. En juillet, les défaillances d'entreprises ont atteint un niveau historiquement bas, autour de 28 000 sur un an selon la Banque de France, rapportent Les Echos.
L'arrêt du "quoi qu'il en coûte" pourrait cependant plomber ce chiffre. "Avec les aides, on a acheté du temps, mais il faut s'attendre à ce que des entreprises mettent le genou à terre", avertit François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), auprès des Echos. Il anticipe, sur douze mois glissants, entre 55 000 et 70 000 défaillances.
6% de croissance escomptée en 2021
Cette importante mise à jour du dispositif de soutien envers les entreprises en difficulté est également dictée par la reprise de la consommation et la bonne santé de l'économie française, qui "tourne à 99% de ses capacités" selon Bruno Le Maire. Le ministre de l'Economie et des Finances mise sur une poursuite de l'embellie économique, car "la consommation est bien orientée". "Sur la semaine du 16 au 22 août, nous avons +12% en moyenne de consommation par carte bleue", a avancé le ministre qui table sur 6% de croissance pour 2021.
Le niveau de chômage est par ailleurs revenu à un niveau d'avant-crise "même un petit peu mieux avec un taux de chômage aux alentours de 8%", a observé le ministre de l'Economie. Le gouvernement "espère" une croissance "autour de 4%" l'année prochaine, a assuré sur Radio J Olivier Dussopt, le ministre des Comptes publics. "Nous sommes dans la bonne direction, raison de plus pour continuer à agir, a estimé Bruno Le Maire, à relancer l'économie, investir pour préparer les nouvelles générations à l'économie de demain."
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