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Covid-19 : quelles sont les restrictions mises en place aux frontières en Allemagne, en Angleterre et en Islande ?

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Allemagne, l'Angleterre et l'Islande pour voir quelles sont les restrictions mises en places au frontières pour stopper la propagation du Covid-19 et notamment des variants.

Article rédigé par franceinfo, Richard Place, Ludovic Piedtenu - Jérémie Richard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8min
Lors d'un contrôle à la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche, près de Kiefersfelden. Photo d'illustration.  (MATTHIAS BALK / DPA / AFP)

Face à la propagation des variants du coronavirus, on assiste, comme au début de la pandémie de Covid-19 en mars 2020, à un retour des fermetures des frontières entre pays européens. Direction l'Allemagne, l'Angleterre et l'Islande. 

En Allemagne, fermeture d'une partie des frontières

L’Allemagne a en partie fermé ses frontières, dimanche 14 février, au sud avec la République tchèque et l’Autriche pour tenter de contenir la diffusion des variants du coronavirus. Au risque de frictions et de critiques de l’Union Européenne. Chaque conducteur est contrôlé, 1 000 policiers sont mobilisés en Bavière et en Saxe, aux frontières sud du pays. Seuls les résidents en Allemagne et les travailleurs transfrontaliers sont autorisés à entrer. Les transporteurs routiers aussi mais seulement s’ils présentent un test négatif récent. À défaut, ils doivent faire demi-tour ou effectuer un test dans l’un des algécos installés sur place et attendre longuement le résultat.

Les liaisons ferroviaires et les déplacements en autocars sont aussi interrompus à destination de trois pays au sud de l’Allemagne : la République tchèque et plus loin la Slovaquie, deux pays qui figurent parmi les principaux touchés en Europe, ainsi que l’Autriche où l’on trouve le plus gros foyer européen du variant sud-africain. L’Allemagne qui pourrait fermer dans les prochains jours de nouveaux points d’entrée à l’Ouest avec le Luxembourg et le département français de Moselle.

Bruxelles critique la décision allemande mais Berlin assume. Le ministre de la santé, Jens Spahn, défend "une mesure certes drastique mais temporaire", la formule utilisée est "aussi longtemps que nécessaire". Il affirme que le droit européen prévoit de telles exceptions. L’Allemagne où la situation épidémique s’améliore ne veut pas voir ses efforts gâchés par des mesures de confinement moins strictes chez ses voisins comme ces stations de ski qui sont longtemps restées ouvertes de l’autre côté dans le Tyrol autrichien.

En Bavière, on compte désormais près de la frontière des villages où le taux de variants dépasse les 50%. Le dirigeant de la région, le conservateur Markus Söder, possible successeur d’Angela Merkel à la tête du pays en septembre prochain, rejette toutes formes de critiques en parlant "d’absurdité". "Ce n’est pas pour autant la fin d’une Europe libre, explique-t-il, c’est au contraire son renforcement si elle parvient à empêcher une nouvelle vague."

En Islande, double test PCR pour accéder à l'île

L'Islande est le pays au taux d’incidence le plus faible d’Europe et depuis trois semaines le seul pays classé "vert" sur la carte du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. Une situation de rêve notamment dûe à des restrictions strictes aux frontières. Il faut braver un double test PCR entrecoupé de cinq jours de quarantaine obligatoires depuis tout juste un mois avant de pouvoir vagabonder en toute liberté sur l’île volcanique.

Les tests des voyageurs à l’arrivée en Islande ont été instaurés il y a huit mois et renforcés au fur et à mesure du temps. Des mesures aujourd’hui indispensables pour Víðir Reynisson, haut responsable de la police et figure des points d’information réguliers des autorités : "Le système que nous avons mis en place aux frontières nous a par exemple permis de détecter une soixantaine de personnes avec le variant britannique jusqu’à présent. Nous stoppons ainsi l’introduction de nouveaux variants dans le pays." Actuellement moins de 300 personnes arrivent chaque jour en Islande contre plus de 18 000 en temps normal.

Les Islandais peuvent ainsi vivre une vie quasi-normale. Il flotte en effet un air de normalité dans la capitale Reykjavík et aux quatre coins de l’île où les habitants peuvent faire des choses encore impossibles dans la majorité des pays européens comme aller nager à la piscine, s’exercer dans une salle de sport ou boire une bière dans un bar. Víðir Reynisson explique la clé du succès islandais : "D’abord, c’est la volonté de la nation de se conformer à toutes les restrictions mises en place. À cela s’ajoute la force de notre communauté médicale pour y faire face et puis, bien sûr, la combinaison du traçage des cas contacts, des tests et de l’analyse génétique de tous les cas positifs." Sans oublier bien sûr que l’Islande est une île de 365 000 personnes, avec la plus faible densité d’Europe, et un aéroport international par lequel arrivent plus de 98% de ses voyageurs.

En Angleterre, système de quarantaine obligatoire à l’hôtel


Outre-Manche, les déplacements à l’étranger sont déjà limités, uniquement autorisés pour des motifs impérieux, et partir en vacances n’en est pas un. Lundi 15 février entre en vigueur un système de quarantaine obligatoire à l’hôtel pour certains voyageurs et à leurs frais. Le principe est assez simple. Tous les citoyens britanniques, les Irlandais, ou les étrangers résidant au Royaume-Uni, qui arrivent en Angleterre de pays jugés particulièrement à risque doivent s’y plier. Il y a au total 33 pays. Ceux où les variants brésiliens et sud-africains sont apparus et se sont propagés c’est-à-dire le sud de l’Afrique, l’Amérique du Sud et le Portugal. Une liste appelée à évoluer.

Depuis lundi matin, ces voyageurs avant de venir ont dû réserver et payer un hôtel de quarantaine via un site dédié. Pas n’importe quel logement, le gouvernement en a choisi plusieurs. Ça coûte un peu moins de 2 000 euros pour dix jours, repas et tests compris. Ensuite, ils doivent se déclarer à l’arrivée à l’aéroport et là ils sont emmenés directement vers leur lieu de quarantaine stricte.

Dans la pratique, le système semble avoir de nombreuses failles. D’abord, il est uniquement basé sur le déclaratif. Comme à peu près toutes les règles anti-Covid au Royaume-Uni. Donc un voyageur qui décide de mentir sur sa provenance, ne fera pas cette quarantaine. En particulier s’il fait une escale avant d’arriver ici. Il n’y a par exemple aucun vol direct depuis Rio. Alors le gouvernement agite les amendes de plus de 1 000 euros et même une peine de prison pouvant aller jusqu’à dix ans ferme en cas de mensonge.

Dans le même temps, le syndicat des douaniers reconnaît sa totale impréparation. Ils n’ont pas de feuille de route, les consignes sont floues et ils ont peur de se retrouver longuement au contact de voyageurs qui arrivent justement de ces destinations jugées à risque. Et puis, cette mesure est brandie depuis des semaines donc les personnes concernées ont déjà voyagé ou fait une croix sur leur déplacement au Royaume Uni. Cela ressemble donc beaucoup à une mise en place symbolique.

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