Crise énergétique : quels plans pour la sobriété en Suède, en Autriche et en Australie ?
Dans le club des correspondants, franceinfo s'intéresse à l'actualité vue depuis l'étranger. Aujourd'hui, direction la Suède, l'Autriche et l'Australie pour voir quelles mesure ces pays prennent pour faire face à la crise énergétique.
De nombreux pays du monde sont confrontĂ©s Ă des problèmes d'approvisionnement d'Ă©nergie et d'explosion des prix. Comme en France, certains dĂ©cident de se lancer dans des grands plans de sobriĂ©tĂ©, comme en Suède ou en Autriche, invitant les habitants Ă faire des efforts aussi. En Australie, le gouvernement espère devenir une "superpuissance du renouvelable" grâce aux investissements massifs d'un milliardaire.Â
En Suède, des efforts collectifs pour faire baisser les prix
La Suède n'Ă©chappe pas Ă l'explosion des prix de l'Ă©nergie. L'État a lancĂ© une campagne qui invite citoyens et entreprises Ă faire des efforts. Une mesure symbolique principale a Ă©tĂ© prise dans ce pays oĂą il fait nuit très tĂ´t en hiver : l'extinction des lumières qui dĂ©corent le pont Ă–resund, long de 8 km, qui relie par la mer le Danemark et la Suède. Au total, 9 kilowattheures seront Ă©conomisĂ©s. L'Ă©clairage public est l'un des postes les plus important pour la plupart des villes qui ont fait leurs calculs. Il sera donc Ă©teint dĂ©sormais après minuit, y compris les dĂ©corations de NoĂ«l cet hiver.Â
La question du chauffage est aussi sur la table. Dans les écoles, les classes sont chauffées à 19 degrés maximum, c'est 18 degrés dans les églises. Autre mesure symbolique dans le pays : la fermeture de nombreux saunas, véritable institution culturelle en Suède, qui ne sont plus rentables vu les coûts. Le problème n'est pas l'approvisionnement, car la Suède est autosuffisante en électricité, mais elle est victime du cours des prix sur le marché international.
Cette campagne d'économies d'énergie ne cherche pas tant à éviter des coupures potentielles cet hiver, mais plutôt à faire baisser le prix en faisant baisser la demande. Le gouvernement fait appel à la responsabilité individuelle, attitude très scandinave : “Chaque kilowatt compte”, peut-on lire sur les affiches qui viennent d’être placardées dans le métro de Stockholm.
En Autriche, baisse de l'éclairage public et de la température
La capitale Vienne vient de prĂ©senter un plan d'Ă©conomies d'Ă©nergie pour les mois Ă venir. Plan qui Ă©tait devenu nĂ©cessaire avec les difficultĂ©s d'approvisionnement et la hausse des prix de l'Ă©nergie dans le pays. Vienne veut suivre les recommandations de la Commission europĂ©enne et rĂ©duire ainsi sa consommation Ă©nergĂ©tique de 15% d'ici la fin mars. L'un des points sur lequel la ville se concentre est lĂ aussi l'Ă©clairage public. Sur le 153 000 luminaires que compte la capitale autrichienne, la moitiĂ© ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© convertis au LED Ă faible consommation. Autre mesure : l'Ă©clairage est rĂ©duit de 25% Ă partir de 22h dans les zones Ă faible trafic et de 50% Ă partir de minuit. Enfin, il n'y aura pas cette annĂ©e les traditionnelles illuminations sur le "ring", la cĂ©lèbre avenue qui entoure le centre de Vienne.Â
Au-delà de la capitale, tout le pays est concerné. La ministre de l’Environnement Leonore Gewessler souhaite limiter la température dans les bureaux municipaux et les ministères de l’ensemble du pays à 19 degrés et interdire l’éclairage publicitaire après 22h. Elle a, en outre, lancé une campagne destinée aux 4 millions de foyers autrichiens qui, selon elle, ont la possibilité d’économiser de l’énergie grâce à quelques gestes simples. "Vous pouvez par exemple baisser le radiateur de deux degrés, éteindre vos appareils plutôt que de les laisser en veille, ou encore rouler 10 km/h moins vite", expliquait-elle. Selon les ONG environnementales, cela ne suffira pas à réduire la consommation à long terme. Ces ONG plaident plutôt pour une loi sur l’efficacité énergétique, pour la suppression progressive du gaz naturel pour le chauffage et enfin pour des rénovations de bâtiments.
L'Australie compte sur les investissements massifs d'un milliardaireÂ
L'Australie espère devenir une puissance Ă la pointe des Ă©nergies renouvelables. Et cela passe, entre autres, par les investissements colossaux de Mike Cannon Brookes, 43 ans, troisième personne la plus riche d'Australie. Il est Ă la tĂŞte du groupe Atlassian qu'il a cofondĂ©, un gĂ©ant des services informatiques destinĂ©s aux entreprises, qui compte parmi ses clients la Nasa, Twitter ou encore Carrefour. SurnommĂ© par la presse australienne "le milliardaire militant", il s'est attaquĂ© Ă un gĂ©ant australien de l'Ă©nergie, AGL, l’un des plus gros Ă©metteurs de gaz Ă effet de serre du pays, dont il est devenu l’actionnaire principal en mai dernier. Une position qu’il utilise pour pousser cette entreprise Ă accĂ©lĂ©rer très nettement le calendrier de fermeture de ses centrales Ă charbon. Ça fonctionne puisque ces derniers mois, AGL a annoncĂ© la fermeture anticipĂ©e de deux immenses centrales Ă charbon, l’une dès 2025 et l’autre en 2035.Â
Mike Cannon Brookes investit également massivement dans la "green tech" et les énergies renouvelables. Des steaks vegan en passant par des triporteurs électriques ou encore une start-up de Sydney qui fabrique des cellules de panneaux solaires conçues avec des matériaux moins rares, il mise sur de très nombreux projets. L’idée étant que si ces matériaux sont plus abondants, il est plus facile de les extraire et donc, cela crée moins de pollution. Au total, il a annoncé qu’il allait investir un milliard d’euros de sa fortune personnelle au cours des dix prochaines années dans ce type de projets, dont un tiers va être dédié à des activités à but non-lucratif.
Mais le projet le plus fou auquel il est associé, c’est Sun Cable, une énorme centrale solaire s’étendant sur 12 000 hectares dans le nord désertique du pays qui pourra produire jusqu’à 20 gigawatts d’électricité, et qui servira à alimenter non seulement la ville de Darwin, mais aussi Singapour et l’Indonésie. Un projet qui concrétiserait les rêves du Premier ministre Anthony Albanese de faire de l’Australie une superpuissance des énergies renouvelables.
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