En Égypte, en Pologne et au Japon, les personnes LGBT+ discriminées et marginalisées
Une même actualité dans trois pays dans le monde : chaque jour dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières. Aujourd'hui, les discriminations subies par les personnes LGBT+ au Japon, en Pologne et en Égypte.
Alors que la France annonce mercredi 14 octobre un plan de 150 mesures pour renforcer les droits des personnes LGBT+ (Lesbiennes, Gays, Bisexuelles,Trans, Queers), franceinfo revient sur l'actualité des discriminations contre ces personnes LGBT+ au Japon, en Pologne et en Égypte.
Le Japon, seul pays du G7 sans cadre légal pour les unions entre personnes du même sexe
Au Japon, être LGBT+ vous condamne encore aujourd’hui, à quelques exceptions près, au silence ou à la marginalité. Le mariage pour tous ici n’est sans doute pas pour demain, comme le font craindre les récurrentes prises de position de membres de l’omnipotent Parti libéral démocrate au pouvoir. Une élue, Mio Sugita, défraye régulièrement la chronique par ses propos homophobes et un maire d’un arrondissement de Tokyo a récemment dû s’excuser pour avoir dit que "si la loi en venait à protéger les gays et lesbiennes, [sa] circonscription n’y survivrait pas."
Quelques timides évolutions
Peu à peu, au fil des années et surtout parmi les jeunes, l’acceptation, la compréhension progressent. Des grandes entreprises s’efforcent d’éliminer la discrimination alors qu’existe une très forte réticence envers le coming out sur le lieu de travail. Des municipalités délivrent des certificats de vie commune, qui permettent à des couples homosexuels de louer plus facilement un appartement ou d’effectuer des démarches en commun. Des guichets d’information ou centres de conseil ouvrent dans les grandes villes comme récemment à Tokyo, et le gouvernement aussi prend quelques initiatives allant dans le bon sens.
Aborder le sujet LGBT+ est moins tabou comme le montre le succès du film Midnight Swan, sur une transgenre, qui attire un public jeune même s’il fait aussi débat. Mais attention néanmoins à l’effet vitrine. Si quelques personnes homosexuels ou transgenres sont présentes depuis longtemps sur les plateaux de télévision, ils sont hélas souvent des vedettes prétextes qui masquent une réalité sociale bien différente.
En Pologne, un nouveau ministre de l'Éducation ouvertement homophobe
Le nouveau ministre de l'Éducation, Przemyslaw Czarnek, a été testé positif au Covid-19 la semaine dernière, et n’a pas pu prêter serment, mais cela n’a pas empêché plusieurs manifestations dans le pays. Des étudiants sont également venus habillés en noir à l’école, en signe de deuil. Car Przemyslaw Czarnek, est connu en Pologne pour ses attaques contre la communauté LGBT+. Ce député du parti ultraconservateur Droit et Justice a par exemple déclaré que les personnes LGBT+ n’étaient pas égales aux autres.
La rhétorique anti LGBT+ est fréquente en Pologne, on l’a vu notamment pendant la campagne électorale présidentielle. Le chef de l’Etat Andrzej Duda avait parlé d’une idéologie plus dangereuses que le communisme. Un climat qui a entraîné de nombreuses protestations dans les rues de Pologne.
Les critiques de l’Union Européenne
La Pologne est souvent rappelée à l’ordre par des déclarations européennes. Début août 2020, l’Union Européenne a refusé de verser des financements à six villes polonaises qui s’étaient déclarées "libres" de "l’idéologie LGBT". Mais cela n’a pas l’air d’émouvoir le gouvernement polonais. Le ministre de la Justice avait d’ailleurs qualifié cette décision d’illégale. Un gouvernement qui n’hésite pas - par ailleurs - à menacer l’UE de ne pas voter son plan de relance, si le versement de fonds est conditionné au respect de l’état de droit.
L’Égypte refuse de reconnaître l’existence même des personnes LGBT+
Dans un rapport publié il y a deux semaines, l’ONG Human Rights Watch fait état d’arrestations arbitraires et de tortures de personnes LGBT+ dans les prisons égyptiennes. Les témoignages recueillis dans ce rapport sont glaçants. Dans les commissariats et dans les prisons, les détenus LGBT+ sont humiliés, menacés, frappés, placés à l’isolement pendant des jours. Ils sont, dans la majorité des cas, harcelés sexuellement et violés. Ahmed Alaa a été emprisonné pendant trois mois. Il vit aujourd’hui en exil au Canada : "Un officier m’a harcelé sexuellement. Et, avec d’autres officiers, ils ont dit aux détenus que j’étais le gay placé à l’isolement. Suite à cela, j’ai commencé à recevoir des menaces de viol."
Tortures en détention
L'homosexualité n’est pourtant pas criminalisée en Égypte. Pour procéder à ces condamnations, les tribunaux égyptiens utilisent la notion très floue "d’incitation à la débauche". Les peines vont parfois jusqu’à plusieurs années de détention. Les policiers créent désormais de faux comptes sur les applications de rencontre pour piéger les personnes LGBT+.
Technique notamment utilisée depuis la dernière vague d’arrestation de grande ampleur : en septembre 2017, des drapeaux arc-en-ciel sont brandis en public lors d’un concert au Caire. Soixante-quinze personnes seront arrêtées dans les mois qui suivront. Parmi elles, la militante Sarah Hegazy. En exil au Canada, la jeune femme s’est suicidée il y a quatre mois. Une vie brisée par la prison et la torture. Symbole du traumatisme des victimes visée par la répression systématique exercée par le régime du président Al Sissi.
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