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Japon, Canada, Nouvelle-Zélande : les initiatives pour lutter contre le tabagisme

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction le Japon, le Canada et la Nouvelle-Zélande pour voir comment ces pays tentent de limiter la consommation de tabac. 

Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura, Pascale Guéricolas, Grégory Plesse
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
La Journée mondiale sans tabac (illustration, 28 avril 2017). (SYLVAIN MUSCIO / MAXPPP)

La Journée mondiale sans tabac a lieu ce lundi 31 mai. Cette campagne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) prend cette année un sens particulier en raison de la pandémie de Covid-19. Le retrait du masque pour fumer et l’expiration de la fumée ne sont pas sans conséquences. Tour d'horizon des initiatives visant à réduire la consommation de tabac ou à lutter contre le vapotage au Japon, au Canada et en Nouvelle-Zélande.

Le Japon, un pays paradoxal pour les fumeurs

En matière de tabac, le Japon est à la fois encore un paradis pour les fumeurs et un monde de paradoxes. Un exemple pour s’en convaincre, vous n’avez pas le droit de fumer dans la rue. La clope au bec en marchant, c’est interdit, d’où de nombreux fumoirs extérieurs et intérieurs un peu partout. Mais beaucoup de cafés et restaurants ont des espaces fumeurs. Les cigarettes sont encore très bon marché, moins de 5 euros le paquet de 20 cigarettes. Si on a plus de 20 ans, on peut en acheter dans les supérettes ouvertes 24H/24, aux distributeurs ou même, et c’est le comble, dans certaines parapharmacies, tout comme la bière d'ailleurs.

C’est pourtant au Japon que le groupe Philip Morris veut stopper dans dix ans les ventes de cigarettes classiques que l’on "grille". Comme pour tous les autres acteurs du marché, son but c’est une société de fumeurs sans fumée grâce au tabac chauffé dans une sorte de cigarette électronique. "On ne dit pas que c’est bon pour la santé ni que ça rend non-fumeur, reconnaît un vendeur d’une boutique spécialisée, mais pour ceux qui fument des cigarettes classiques, c’est un nouveau choix qui réduit les risques tout en gardant le plaisir."  Si les 7% de femmes fumeuses sont plus sensibles à la mauvaise odeur laissée par la fumée, et plus facilement convaincues par le tabac chauffé, les 14% d'hommes fumeurs sont à priori davantage réticents à moins d’y être poussés par leur entourage. Ici, les substances liquides avec nicotine sont interdites, et pour le moment le tabac chauffé représente environ 30% des ventes totales de tabac dans l’archipel.

Au Canada, la lutte contre le vapotage chez les jeunes

Friands du vapotage, les jeunes canadiens font l’objet d’une grande attention des fabricants qui misent sur les saveurs pour attirer cette nouvelle clientèle. Menthol, mangue, fruits rouges, il y en a pour tous les goûts pour les jeunes vapoteurs qui paradoxalement n’aiment pas le goût du tabac. Plusieurs provinces, comme la Nouvelle-Écosse et l’Île du Prince-Édouard, dans l’Est canadien, ont voté des lois pour interdire les saveurs autres que celle du tabac pour les produits de vapotage. Les études montrent clairement que l’attrait vers les parfums ajoutés au liquide dans la vapoteuse constitue un aspect incitatif pour ces types de produits chez les moins de 25 ans. En plus, on y retrouve une concentration en nicotine plus de deux fois plus élevée que celle en vigueur en Europe.

Des infirmières qui travaillent dans des collèges accueillent fréquemment à l’infirmerie des élèves en proie à des nausées ou à des vomissements causés par une grande ingérence de nicotine. Plusieurs experts avancent que l’utilisation d’un parfum comme le menthol accentue la dépendance à cette substance. En théorie, les mineurs n’ont pas accès à ces produits car les boutiques doivent vérifier qu’ils ont affaire à des acheteurs adultes. Les fabricants ne peuvent pas non plus viser les mineurs dans leurs publicités. Dans les faits, trois fois plus de jeunes que d’adultes vapotent, et une bonne proportion passe ensuite à la cigarette. Le Québec réfléchit actuellement à une législation pour interdire l’utilisation d’arômes autres que le tabac, mais se heurte à l’opposition de l’industrie et de plusieurs citoyens. 30 000 lettres auraient ainsi été envoyées au gouvernement pour ne pas limiter les droits des vapoteurs qui soulignent que cette alternative à la cigarette peut sauver des vies. 

En Nouvelle-Zélande, le gouvernement souhaite une génération sans tabac

Pour y parvenir, certaines mesures qui ont été proposées sont assez innovantes et radicales. Il y a par exemple l’idée de réduire le taux de nicotine contenu dans les cigarettes, pour réduire l’addiction qu’elles provoquent, Il y a également un débat aussi autour de la possibilité de ne vendre des cigarettes que dans les pharmacies. Mais l’idée qui fait le plus parler, c’est celle qui consisterait à interdire la vente de tabac à toute personne âgée de moins de 18 ans en 2022, et ce pour le restant de sa vie, cette limite d’âge devant être rehaussée d’un an chaque année jusqu’à ce que dans les faits, on arrive à cette fameuse génération sans tabac. La question qui se pose bien sûr, c’est de savoir si une telle mesure est légale: le tabac aussi nocif soit-il, est un produit parfaitement légal. Et en interdire la vente à des personnes qui sont majeures, et bien ça ne vas pas forcément de soi. Mais ce ne sont pour l’instant que de simples propositions, une consultation a été ouverte et rien n’est encore gravé dans le marbre.   

Si on compare à la France ou à la plupart des pays européens, il y a déjà très peu de fumeurs en Nouvelle-Zélande, à peine 11,6% de la population d’après les statistiques officielles, et seulement 3% chez les 15-17 ans. En revanche, on relève des inégalités assez flagrantes face à l’addiction au tabac. Puisqu’au sein de la communauté maorie, on recense plus de 30% de fumeurs, et un quart de fumeurs parmi les 20% des Néo-Zélandais les plus pauvres. Et c’est pour ça que le gouvernement a présenté cette série de mesures avant tout comme une politique de santé publique. Mais également comme une politique de réduction des inégalités. Les objectifs en tous cas, sont extrêmement ambitieux, puisque le gouvernement espère que la part des fumeurs dans la population chutera à 5% d’ici à 2025. 

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