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Jubilé de platine d'Elizabeth II : quelle est la popularité des monarques en Espagne, au Maroc et en Thaïlande ?

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction Madrid, Rabat et Bangkok pour voir quel est le statut et la popularité du monarque local.

Article rédigé par franceinfo, Marie-Hélène Ballestero - Seddik Khalfi, Carol Isoux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Felipe VI, le roi d'Espagne, délivre un discours lors du dîner officiel organisé pour la visite de l'émir du Qatar, le 17 mai 2022, à Madrid. (JUANJO MARTIN / POOL)

Alors que les Britanniques et les habitants du Commonwealth célèbrent les 70 ans de règne de la reine Elizabeth II – un évènement qui passionnent aussi ailleurs dans le monde – comment les autres monarques sont-ils perçus par la population ? Réponse en Espagne, au Maroc et en Thaïlande.

En Espagne, la monarchie promet transparence et modernité

En Espagne, le roi Felipe VI a lancé récemment une "opération transparence et modernisation" de la Maison royale. Fin avril, le monarque a ainsi rendu public son patrimoine. Aucun roi espagnol n’avait révélé jusqu’à présent sa fortune personnelle. Via un communiqué, Felipe VI a fait état d'un patrimoine de 2,5 millions d’euros en précisant qu'il ne possède aucun bien immobilier, ni de biens à l’étranger. Depuis son ascension au trône en juin 2014 et après les scandales financiers qui ont éclaboussé son père, le roi émérite Juan Carlos, Felipe VI s’efforce de mettre en avant les principes de transparence et d’intégrité pour renforcer la confiance des citoyens dans la Couronne. Il s’est aussi engagé à la moderniser.

Le gouvernement espagnol a par ailleurs adopté un décret qui permet de réformer la structure et le fonctionnement de la Maison royale. Les comptes de la monarchie seront désormais audités chaque année, à l’instar des institutions publiques ou des partis politiques.

La classe politique, tout comme les Espagnols, sont très divisés sur la question de la monarchie, ces mesures de transparence suscitent donc des réactions contrastées. Les partis de droite, qui défendent ce régime politique, saluent les efforts réalisés par le monarque espagnol. Pour les partis de gauche, majoritairement républicains, la monarchie est une institution qui n’est plus du tout en phase avec le XXIe siècle.

Les Espagnols sont tout aussi divisés, même si le roi Felipe VI a plutôt une bonne image, car il a su prendre ses distances avec son père. Selon un dernier sondage publié en octobre dernier les Espagnols boudent plus que jamais leur monarchie. Seulement 36% soutiennent cette institution, c’est sept points de moins qu’en 2020, et 44% des Espagnols réclament un référendum sur la monarchie.

Au Maroc, un roi distant et incontesté

Au Maroc, le roi Mohammed VI est vu comme le garant de la stabilité du pays. Même lors du printemps arabe de 2011, il n'est venu à l'idée de personne de remettre en cause la monarchie. La réforme constitutionnelle qui a suivi est venue consolider la monarchie parlementaire et clarifier la séparation des pouvoirs. Depuis son accession au trône alaouite en 1999, la popularité du roi Mohammed VI ne s'est jamais démentie. Il est aimé des Marocains qui voient en lui le garant de la modernité mais aussi des traditions.

Pourtant Mohammed VI ne prend quasiment jamais de bains de foule et ne s'exprime qu'à l'occasion des discours officiels des fêtes nationales. Mais il est là, présent au travers de "cartes postales". On le voit sur les réseaux sociaux acceptant un selfie lors d'un voyage à l'étranger. Des internautes le filment dans les rues de Rabat lorsqu'il conduit lui même sa voiture et s'arrête pour saluer les passants. Et enfin, un autre type de "cartes postales", ce sont les "colères royales" dont la presse se fait parfois écho, lorsque le souverain soulève et règle sur le champs des dysfonctionnements graves.

La famille royale vient de s'agrandir. Le Maroc célèbre la naissance du prince Moulay Abdeslem Moulay Abdeslem, né mercredi 1er juin. Il est le fils du frère du roi, le prince Moulay Rachid. Le communiqué de la maison royale ne donne pas le poids du bébé mais précise que le roi a lui même baptisé son neveu. Moulay Abdeslem prend ainsi la 4e place dans la succession, loin derrière son cousin et fils du roi, le prince héritier Moulay El Hassan qui lui vient de fêter ses 19 ans.

En Thaïlande, le roi est une figure controversée

En Thaïlande, cela fait plus de cinq ans qu’un nouveau roi, à la réputation sulfureuse, est monté sur le trône. Un monarque qui a fait beaucoup parler de lui à l’étranger. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Rama X ne bénéficie pas de la même aura qu’avait son père dans le pays. Les réformateurs du mouvement étudiant lui reprochent d’être un souverain quasi absolu qui s’est attaché dès son arrivée sur le trône à concentrer le pouvoir entre ses mains avec des réformes constitutionnelles et qui a passé sous son nom propre les milliards d’euros du budget de la couronne. Ils lui reprochent surtout de continuer à laisser utiliser contre des opposants politiques la loi de lèse-majesté qui prévoit jusqu’à 15 ans de prison pour toute critique du roi ou de la reine.

Quant aux royalistes conservateurs, ils ont beau soutenir le roi parce qu’ils estiment que l’identité thaïe est profondément liée à la monarchie, certains ne sont pas très à l’aise avec ses frasques, ses multiples épouses, ses maîtresses à qui il offre des rangs militaires à tour de bras et une personnalité réputée colérique, même si de l’avis général Rama X s’est adouci depuis son arrivée au pouvoir. 

Paradoxalement, de par sa mauvaise réputation, le nouveau roi a ouvert un espace de liberté d’expression en Thaïlande. Alors que du temps de son père, qui incarnait le roi bouddhiste idéal, le père symbolique de la nation, les Thaïlandais n’osaient pas critiquer le souverain en public, aujourd’hui il est courant d’entendre des plaisanteries à son sujet ou même de voir des spectateurs refuser de se lever lors de l’hymne royal dans les cinémas, ce qui aurait été absolument impensable il y a encore quelques années. 

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