Cet article date de plus d'un an.

La crise du logement en Allemagne et au Canada

Tous les jours, le club des correspondants décrit comment un même fait d'actualité s'illustre dans deux pays.
Article rédigé par Sébastien Baer - Justine Leblond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
En dix ans, le prix du mètre carré en location a augmenté de 70% à Berlin.  (JORG CARSTENSEN / DPA)

En Allemagne, le président de l’association des locataires qualifie de "dramatique" la crise du logement traversée par le pays. Les taux d’intérêt augmentent, les coûts de construction aussi et l’Allemagne manque cruellement de logements neufs. Il manque 700 000 logements dans le pays, pire situation depuis 20 ans. Le gouvernement s’était pourtant fixé un objectif : construire 400 000 logements chaque année, mais on en est très loin. Selon la fédération allemande du bâtiment, seuls 280 000 logements ont vu le jour l’an passé, à peine mieux qu'en 2021 (293 000). Et l'Allemagne manque surtout de logements sociaux.

La situation provient notamment de l'augmentation de la demande. L'an passé, l’Allemagne a fait face à l’afflux de plus d’un million de réfugiés ukrainiens, un chiffre sans précédent, bien supérieur aux arrivées enregistrées lors de la crise migratoire de 2015. Et le pays construit moins à cause de la hausse fulgurante des coûts, à laquelle s’ajoutent le manque de main d’œuvre qualifiée, les normes environnementales toujours plus contraignantes et les taux d’intérêt plus élevés pour les crédits, entre 3,5% et 4%.

>> Logement : comment les "maxi-propriétaires" ont mis la main sur la moitié du parc locatif français

Les Allemands se tournent vers le marché de la location qui se tend à son tour, provoquant une hausse des loyers. Sur dix ans, le prix du mètre carré en location a augmenté en moyenne de 55% et même de 70% à Berlin.

Les professionnels du secteur réclament au gouvernement de faire de cette question du logement une priorité pour cette année 2023. Ils demandent une aide exceptionnelle de 50 milliards d’euros sur le modèle des fonds débloqués récemment par le gouvernement : les 100 milliards pour l’armée ou les 200 milliards pour le bouclier énergétique. Klara Geywitz, la ministre de la Construction, n’a pas encore répondu sur ce point mais elle planche sur une simplification de la réglementation. La procédure de dépôt de permis de construire sera bientôt numérique et les règles doivent aussi être uniformisées au plan national. Rien que pour combler le déficit de l’année dernière, il faudrait bâtir de 350 000 à 400 000 habitations tous les ans, pendant quatre ans.

Au Canada, l'interdiction temporaire d'achat pour les étrangers

Le Canada, vit l’une des pires crises immobilières de son histoire. En trois ans, le prix médian d’une maison a augmenté de 56% au Québec. Plus à l’ouest, Toronto et Vancouver sont classées dans les villes les plus chères au monde pour se loger, des prix élevés synonymes de rareté. On compte par exemple 3% de logements vides à Montréal, et le chiffre est bien plus bas dans certaines villes : à Rimouski, une ville de l’Est québécois, seules 0,2 % des habitations sont disponibles. 

Rien qu’au Québec, plus de 177 000 ménages locataires ont des besoins impérieux de logement, d'après le Front d'action populaire, ce qui signifie qu'ils habitent dans un logement insalubre ou qu'ils payent un loyer trop élevé, sans compter ceux qui dorment chez leur entourage ou qui vivent dans un motel.

Pour tenter de réduire cette crise immobilière, le gouvernement a mis en place une nouvelle mesure depuis le 1er janvier : l’interdiction pour les étrangers d’acheter un bien au Canada. La mesure est en vigueur pour deux ans. Si un étranger arrive au Canada, il doit donc désormais attendre en moyenne deux à quatre ans pour avoir le statut de résident permanent avant de devenir propriétaire. Selon l’agence nationale de statistiques, les étrangers représentent moins de 5% des propriétaires de logement au Canada. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.