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Les 100 premiers jours de Joe Biden vus depuis la Russie, le Mexique et la Corée du Nord

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Article rédigé par franceinfo - Claude Bruillot, Emmanuelle Steels et Nicolas Rocca
Radio France
Publié Mis à jour
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Le président américain Joe Biden à la Maison Blanche à Washington, le 27 avril 2021. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

Joe Biden s’exprime pour la première fois devant le Congrès mercredi 28 avril. Une déclaration qui a lieu la veille du cap symbolique des 100 jours passés à la Maison Blanche par le président américain. Des premiers pas suivis de près par de nombreux pays dans le monde. Direction la Russie, le Mexique et la Corée du Nord.

En Russie, une succession de tensions

Le Kremlin a suivi évidemment de très près les premiers jours du président démocrate à la Maison Blanche. Une période marquée essentiellement par une succession de tensions à laquelle Vladimir Poutine et son entourage s’étaient préparés. Avant même l’installation de Joe Biden à la Maison Blanche, le Kremlin savait déjà que les relations avec les États-Unis allaient se durcir. Des nominations dans l’entourage du nouveau président américain avaient permis à la diplomatie russe de se préparer au bras de fer. L’affaire Navalny et les tensions dans le Donbass ont ensuite été utilisées par Vladimir Poutine pour mesurer justement la détermination de Joe Biden.

Le pouvoir russe a aussi profité de cette période de 100 jours pour envoyer ses messages au nouveau président américain, bien après le premier échange téléphonique entre les deux hommes, semble-t-il musclé. Le tout a servi au Kremlin à se repositionner vis-à-vis du locataire de la Maison Blanche, en laissant des portes ouvertes, comme par exemple la lutte contre le terrorisme ou celle contre le réchauffement climatique, mais en assurant également Joe Biden de son intransigeance sur toutes les questions liées à l’espace vital de la Russie.

Une nouvelle séquence s’ouvre avec l’annonce de la rencontre prochaine entre Joe Biden et Vladimir Poutine en Europe. Un peu comme si on vivait une succession de temps forts, faits d’escalades verbales ou de tensions militaires, avec des sanctions, des expulsions de diplomates, et des temps de détente au sens diplomatique, au cours desquels des ouvertures, des coopérations même, peuvent se créer. Il semble que le rappel récent des ambassadeurs russes puis américains, servira aussi à préparer ce terrain. En tout cas, le désormais fameux épisode au cours duquel Joe Biden dit qu’il peut qualifier de "tueur”  Vladimir Poutine, a été - en partie - digéré par la participation du président russe au sommet sur le climat, à l’invitation justement de Joe Biden. Il reste maintenant le plus difficile à faire pour concrétiser cette forme de détente : se mettre d’accord, en amont, sur les avancées possibles entre Vladimir Poutine et Joe Biden, en sachant que c’est la vigilance la plus grande, qui risque de présider ce futur tête à tête.

Au Mexique, les questions migratoires au centre des discussions

Dans les semaines qui ont suivi l’investiture de Joe Biden, un nombre record de migrants centraméricains est arrivé à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Dans ce genre de situation, Donald Trump avait pris l’habitude de blâmer le Mexique. Pour Joe Biden, cette crise est l’occasion de se démarquer de son prédécesseur. La différence se manifeste dans le style, plus que sur le fond. Les États-Unis continuent de faire pression sur le Mexique pour qu’il empêche le passage des migrants. Mais avec le nouvel occupant de la Maison Blanche, on emploie la négociation et plus les menaces. Le Mexique a notamment accepté de maintenir 10 000 effectifs de sa garde nationale à la frontière avec le Guatemala et de renforcer les contrôles migratoires. Le gouvernement mexicain justifie ces mesures en affirmant qu’il s’agit de protéger les enfants migrants. Plus de 20 000 mineurs non accompagnés, en majorité centraméricains, ont été interceptés au Mexique et aux États-Unis le mois dernier. Il s’agit d’un chiffre extrêmement élevé et aucun des deux pays ne souhaite voir cette situation se prolonger.

Si le Mexique coopère avec l’administration Biden pour refouler les migrants centraméricains, c'est qu'il y a plusieurs attentes de la part du président López Obrador vis-à-vis de Joe Biden. Il veut par exemple obtenir le soutien du démocrate à son plan de développement économique en Amérique centrale, pour créer des emplois et ainsi éviter que les populations n’émigrent. Le Mexique réclame un engagement économique beaucoup plus important de Washington dans la région. Ensuite, López Obrador négocie avec Joe Biden pour obtenir des vaccins contre le Covid-19, qui feraient l’objet d’un marchandage avec les États-Unis. Le Mexique offrirait une coopération migratoire en échange de vaccins, c’est l’interprétation que font les spécialistes des relations entre les deux voisins.

Dans la péninsule coréenne, retour d’une diplomatie plus classique

Joe Biden a souhaité envoyer des messages clairs vis-à-vis de la Corée Nord dès le début de son mandat. Même si l’on attend encore les détails de la politique de Washington vis-à-vis de Pyongyang, on peut déjà en dresser quelques grandes lignes. Après avoir qualifié la Corée du Nord de plus grande menace pour la sécurité américaine, il a exprimé son intention de ne pas rencontrer Kim Jong-Un. On est donc loin de l’ambiance des sommets et des signes répétés d’amitié de son prédécesseur.

Plusieurs médias ont rapporté que les États-Unis ont cherché à prendre contact avec la Corée du Nord à travers l’ONU par exemple, sans succès. Fin mars lorsque Pyongyang a testé ses premiers missiles balistiques depuis l’arrivée de Joe Biden au pouvoir, ce dernier a affirmé vouloir une réponse proportionnée en accord avec ses alliés. Car Washington veut désormais compter sur le Japon et la Corée du Sud, alliés historique dans la région sur le dossier. Son secrétaire d’État, Anthony Blinken, en visite à Tokyo et à Séoul mi-mars a insisté sur la nécessité d’une coopération trilatérale face à la menace nord-coréenne alors que les relations entre les deux voisins s’étaient nettement tendues sous Donald Trump.

La région semble en tout cas être une priorité du nouveau président américain. Paradoxalement, les premiers signaux ne sont pas forcément positifs pour Séoul, car Biden s’est rapidement rapproché du Japon. Le Premier ministre japonais Yoshihide Suga, a déjà été reçu à la Maison Blanche, et a également obtenu l’aval des États-Unis sur sa décision controversée de relâcher les eaux usées de Fukushima dans l’océan contre l’avis du voisin sud-coréen.

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