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Mort de George Floyd : l'impact du mouvement Black Lives Matter aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Belgique

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction les États-Unis, le Royaume-Uni et la Belgique, un an après la mort de George Floyd et l'impact du mouvement Black Lives Matter.

Article rédigé par Loïc Pialat, Richard Place, Joana Hostein
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Une femme tient un drapeau Black Lives Matter lors d'une manifestation en souvenir de George Floyd, le 24 mai 2021 à Saint Paul, Minnesota. (KEREM YUCEL / AFP)

Cela fait un an jour pour jour que George Floyd est mort. Cet Afro-Américain de 46 ans est mort le 25 mai 2020 à Minneapolis (Etats-Unis), tué par un policier blanc lors d'une arrestation. Les manifestations antiracistes qui ont suivi le drame à travers le pays ont appelé notamment à une réforme en profondeur de la police américaine, à travers le mouvement Black Lives Matter. Les monuments et statues liés à l'histoire coloniale ou à la traite négrière se sont aussi retrouvées au centre d'une polémique mémorielle.

Aux Etats-Unis, des villes réforment leur police

Aux États-Unis, à l'échelle fédérale, les projets de loi sur le sujet sont à l'arrêt. Mais dans les États et les villes, on a observé une volonté d'agir, comme à Los Angeles, Seattle ou encore à Austin au Texas, où le conseil municipal a décidé l'été dernier de réduire d'un tiers le budget de la police, soit une baisse de 150 millions de dollars.

Aujourd'hui, quand quelqu'un compose le 911, il n'est plus en contact direct avec la police mais avec un standard qui décide si l'appel demande une réponse en uniforme ou l'intervention de spécialistes de la santé mentale par exemple. Les problèmes mentaux représentent 10% des appels au 911 à Austin. Mais les chiffres sont un peu trompeurs : le budget a diminué mais ces sommes retirées à la police sont loin d'être intégralement réinvesties dans l'aide à des communautés en difficulté ou aux sans-abris. Seulement 30 millions de dollars ont été orientés vers des missions sociales de ce type. Le reste de l'argent continue à financer des activités civiles qui étaient à la charge de la police – la médecine légale notamment – et qui dépendent désormais d'un autre service de la mairie. Concrètement, les policiers en uniformes ont perdu 30 millions de dollars dans leur budget et non 150 millions de dollars. Une opération comptable plus que le changement de fond réclamé par le mouvement Black Lives Matter.

Mais cette modification budgétaire n'a pas beaucoup plu dans les rangs de la police. Le Parlement local est d'ailleurs en train d'étudier une loi qui sanctionnerait financièrement les grandes villes texanes comme Austin qui décideraient de réduire le budget de leur police. Le Texas se réserverait alors le droit de se réapproprier une partie des taxes locales. Les Républicains qui défendent cette loi, dont le gouverneur, la justifient par le fait que moins d'argent pour la police garantit plus de criminalité et met les citoyens en danger. La preuve, selon eux : la criminalité a augmenté à Austin en 2020.

À Los Angeles, on a utilisé le même argument pour augmenter le nouveau de budget de la police. Sauf que la criminalité à Austin a augmenté dès le début de l'année 2020 et donc avant la mort de George Floyd. De plus, elle a aussi augmenté à Fort-Worth, dans la banlieue de Dallas, une ville où le budget de la police a été... augmenté. Le lien n'est donc pas si net. L'ironie dans tout cela, c'est cette formule très populaire au Texas, qui n'est pas l'Etat le plus strict sur le port d'arme : "ici, on n'appelle pas le 911". Traduction : ici, on n'a pas besoin de la police.

Au Royaume-Uni, des statues déboulonnées

S'il y a un endroit en Europe où le mouvement Black Lives Matter s'est rapidement étendu, c'est au Royaume-Uni. Et le principal sujet de crispation, ce sont les statues. L'empire britannique exploitait des colonies et certains esclavagistes ont des statues à leur effigie dans le pays. On se souvient de celle de Colston déboulonnée et jetée dans le port de Bristol en juin dernier.

Ces jours-ci, l'attention se focalise sur un autre monument à Oxford : une statue à la gloire de Cecil Rhodes, homme politique et d'affaires du 19e siècle. Cette statue orne la façade du collège d'Oriel, l'une des entités qui constitue l'université d'Oxford. Une commission indépendante créée après une manifestation en 2020 avait réclamé que cette statue soit retirée. Le conseil d'administration était d'accord mais il y a quelques jours, il s'est rétracté : elle restera en place, en tout cas pour le moment, car la retirer coûterait trop cher. Des crédits seront alloués pour contextualiser et expliquer ce monument.

Pourquoi cette statue pose-t-elle problème ? Parce que Cecil Rhodes est un personnage historique devenu sulfureux. Esclavagiste, aux comportements racistes, il a été l'incarnation de l'empire colonial britannique en Afrique. Deux anciens territoires africains britannique ont même porté un nom créé à partir du sien : la Rhodésie du Sud et la Rhodésie du Nord. Il a été le 1er ministre de la colonie du Cap en Afrique du Sud. Il exploitait les biens mais surtout les gens. A sa mort en 1902, il avait laissé une très grosse somme d'argent au collège d'Oriel à Oxford. L'université est constituée de nombreuses entités comme celle-ci. C'est là qu'il a étudié. Quelques années plus tard, une statue a été construite pour honorer sa mémoire.

En Belgique, l'histoire coloniale fait débat

Le mouvement Black Lives Matter a eu un écho important en Belgique. Après la mort de George Floyd, il a beaucoup été question de l'histoire coloniale belge, notamment au Congo, un débat récurrent en Belgique mais qui a pris une tournure particulière.

En effet, comme au Royaume-Uni, au printemps dernier, on a assisté à un "mouvement des statues". Des effigies de Leopold II, l'ancien roi des Belges à l'origine de la colonisation du Congo, ont été recouvertes de peinture rouge sang. Il est considéré comme un bâtisseur de génie par certains, un tyran génocidaire par d'autres, responsable de la mort de plusieurs millions de personnes. Les militants antiracistes revendiquent une "décolonisation de l'espace public". Dans cette idée, les autorités de la ville de Bruxelles ont organisé une grande consultation populaire pour rebaptiser le tunnel Leopold II. Cette grande artère qui traverse la capitale belge, porte depuis quelques semaines, le nom d'Annie Cordy, en l'honneur de la célèbre chanteuse populaire née en Belgique.

Le mouvement Black Lives Matter a coïncidé avec un autre événement important en Belgique : les 60 ans de l'indépendance du Congo, commémorés en juin dernier. À cette occasion, l'actuel roi des Belges, Philippe, a présenté "ses plus profonds regrets" pour les "violences, les souffrances, les humiliations" commises lors de l'époque coloniale. Une première dans la monarchie belge… même si le roi n'a pas présenté des excuses. C'est peut-être une commission parlementaire, mise sur pied l'été dernier, qui s'en chargera, la commission Congo censée se pencher sur le passé colonial de la Belgique, une première là aussi.

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